Il suffit de laisser traîner une oreille attentive dans les couloirs des rédactions pour s’apercevoir rapidement que les Gilets Jaunes n’y sont pas en odeur de sainteté. Le mépris parisien est réel.

Pourtant, la très grande majorité des journalistes (même de télévision) est plutôt assez mal payée. Ils pourraient tout à fait se retrouver dans les revendications des « petites gens ». Sauf que… à trop fréquenter les allées du pouvoir, on croit aisément qu’on en fait aussi partie. C’est comme ça, fort simplement, que les politiques corrompent les journalistes : en les laissant être presque « des leurs ». Et si l’on est « des leurs », on ne peut en même temps être « du peuple ». Ainsi, il est absolument impossible que la caste journalistique se penche avec bienveillance sur les Gilets Jaunes. Car enfin, qui sont ces gens qui tentent de déranger « notre » ordre établi ?

Les porteurs de gilets, même s’ils n’ont pas tous les éléments en main, l’ont bien compris. Ils ont rapidement identifié que la presse, dans son ensemble, si elle relayait la lutte – comment peut-elle faire autrement ? – était aussi très prompte à annoncer « l’essoufflement » supposé du mouvement, était friande d’interviews des plus virulents des Gilets, était ravie de montrer les extrêmes plutôt que de peindre un tableau équilibré des événements.

Alors, il y eut des exactions, qui sont impardonnables et regrettables. On chassa des journalistes qui pigeaient pour BFM. On expulsa des cameramen. On insulta, on invectiva.

Aujourd’hui, le divorce semble consommé. A chaque « Acte » des Gilets, les télévisions parisiennes annonceront toujours « de moins en moins de monde ». A chaque vue d’un micro signé BFM, les Gilets Jaunes montreront de plus en plus de furie. Etc.

Il faudra néanmoins bien sortir un jour de ce cercle vicieux, car aucun mouvement – qui aspire à devenir constituant – n’est vraiment crédible ni digne de confiance s’il se bat contre la presse.

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