C’est l’image parfaite du quinquennat Macron : vouloir jouer les arbitres planétaires, et finir par se faire claquer la porte au nez. Emmanuel Macron, qui pensait encore donner des leçons de morale au Proche-Orient, se voit sèchement rappeler à l’ordre par Israël. Message limpide de Gideon Saar, ministre israélien des Affaires étrangères : tant que Paris persiste à vouloir reconnaître un État palestinien, inutile de songer à venir fouler le sol de Jérusalem.
Macron rêvait de se poser en médiateur éclairé, héritier de la grande diplomatie française. Il se retrouve transformé en visiteur non grata, banni comme un vulgaire apprenti-sorcier. Voilà donc le « Mozart de la diplomatie » réduit au silence par ceux qui n’ont ni le temps ni l’envie de subir ses poses jupitériennes.
Car il faut dire les choses : en annonçant, fin juillet, que la France allait reconnaître un État palestinien, Macron a voulu s’offrir son moment de gloire onusien. L’image comptait plus que les conséquences. Et les conséquences tombent aujourd’hui comme une pierre : crise diplomatique ouverte avec Israël, accusation d’alimenter l’antisémitisme en France, et humiliation personnelle infligée par Netanyahou lui-même, qui aurait sèchement refusé de l’accueillir.
On se souvient d’un Mitterrand capable de prononcer, en 1982, un discours historique à la Knesset. Quarante ans plus tard, Macron doit se contenter des applaudissements polis de Canberra, Bruxelles et Ottawa. Autrement dit, des pays qui brillent plus par leur conformisme idéologique que par leur poids réel dans la région.
En fait, cette affaire illustre la dérive complète de la diplomatie française. Jadis respectée parce qu’elle savait dire « non » à tout le monde et défendre son indépendance, la France macronienne se réduit à singer les bons sentiments onusiens et à espérer récolter quelques applaudissements de tribune. Résultat : les Palestiniens n’ont rien gagné, les Israéliens se braquent, et Paris perd son crédit.
Mais au fond, qu’attendait-on d’autre ? Macron pratique la politique étrangère comme la politique intérieure : beaucoup de communication, des postures de surplomb, et zéro prise avec la réalité. Le voilà donc recalé à la frontière israélienne, transformé en président interdit de séjour. Pour un homme obsédé par son image internationale, l’humiliation est totale.
La diplomatie française méritait mieux qu’un numéro de théâtre joué au Conseil de sécurité. Elle se retrouve réduite à une gesticulation qui, loin de faire avancer la paix, ne produit qu’une seule certitude : Emmanuel Macron restera à Paris, invité permanent des salons où l’on disserte sur le Moyen-Orient sans jamais y mettre les pieds.