Macron et l’armée : des milliards, des mots, et toujours pas de cap

Illustration : LLP

Encore une fois, le verbe d’Emmanuel Macron précède le geste. Ce 14 juillet, sous les ors républicains, le président a dégainé ce qu’il sait faire de mieux : des promesses. « 3,5 milliards d’euros supplémentaires en 2026, 3 de plus en 2027 ». Sur le papier, l’effort semble louable. Mais sur le terrain, les militaires ne s’y trompent pas : ces chiffres masquent mal une réalité inquiétante. La France, puissance nucléaire, pilier historique de l’Europe de la défense, court aujourd’hui le risque d’un déclassement stratégique.

La France au bord de la relégation stratégique

Alors que la Pologne arme jusqu’aux dents, que l’Allemagne explose son budget défense, que le Royaume-Uni renforce sa posture militaire, la France peine à sortir de la logique comptable. Le chef de l’État reconnaît lui-même que l’armée ne possède pas la masse critique pour résister à une guerre de haute intensité. Trop peu de munitions. Trop peu d’équipements. Trop peu de troupes. Trop tard.


Pire : alors que le monde entre dans une phase de chaos ouvert – guerre en Ukraine, menaces en mer de Chine, terrorisme résiduel au Sahel –, Emmanuel Macron promet une montée en puissance d’ici… 2027. Dans deux ans. Autant dire l’éternité à l’échelle d’un conflit.

Quand le verbe politique masque l’impuissance industrielle

Appel au « patriotisme économique » des industriels, accélération des cadences, investissements dans l’IA, les drones, le quantique… La liste est ambitieuse. Trop ? Oui. Car en réalité, les retards s’accumulent. Les sous-traitants étouffent. Les carnets de commandes restent désespérément maigres. L’État demande un effort, mais sans honorer ses promesses. Résultat : le tissu industriel de défense se fragilise. Et avec lui, la souveraineté militaire.

Pendant ce temps, les armées françaises continuent à « faire avec moins ». Moins d’hommes. Moins de chars. Moins de stocks. Et surtout, moins de lisibilité. La dissuasion nucléaire ? Un atout certes. Mais elle ne suffira pas à couvrir les lacunes criantes dans le conventionnel.

Des ambitions creuses, un exécutif sans doctrine

Macron dit vouloir « tenir le rang ». Mais lequel ? Celui d’un chef de guerre européen ou d’un VRP d’une armée postmoderne sans substance ? Il parle de « dialogue stratégique » avec nos partenaires, mais chacun réarme dans son coin. Il invoque la souveraineté, mais continue à parier sur une hypothétique Europe de la défense, qui n’a jamais dépassé le stade des communiqués.

Et puis, il y a l’aveu implicite. Celui de la peur. Peur que l’après-2027 voie arriver des forces politiques favorables à une forme de neutralité, voire à un rapprochement avec Moscou. Comme si le président reconnaissait que, malgré ses discours martiaux, la nation doute. Que l’esprit de défense s’effrite.

Conclusion : des chiffres, des discours, mais toujours pas d’âme

Face au désordre du monde, la France devrait incarner une boussole. Elle donne l’impression de chercher encore la sienne. Emmanuel Macron nous avait promis un « sursaut stratégique ». Il n’a, pour l’instant, livré qu’un supplément budgétaire.

Et dans l’état actuel du pays – désindustrialisé, désorienté, désarmé – cela ne suffira pas. Une nation qui ne croit plus à sa propre puissance est une proie. Pas un acteur. Pas un rempart. Pas une grandeur.

guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires


La lettre patriote