Les événements de ces dernières semaines ont aggravé une tendance entamée par l’élection d’Emmanuel Macron : le remplacement de la politique par des gesticulations incantatoires et des slogans.
J’entends bien que la politique « politicienne » avait atteint des sommets – ou des profondeurs, c’est selon – qui la rendait épouvantable. J’entends bien que les alternances entre professionnels – toujours les mêmes – ont fatigué le pays. J’entends bien que cette impression d’éloignement de la caste politique des problèmes réels des Français a détruit la relation peuple-élites.
Mais tout de même.
La politique, c’est aussi – et peut-être surtout – une philosophie du pouvoir, une pensée de l’art de gouverner, une vision incarnée. Or, force est de reconnaître qu’aujourd’hui, entre fake news et manifestations, peu de place est laissée à la prise de recul, à la vision globale.
Il faut donner du temps au temps. Cette phrase de Cervantes, rendue célèbre en France par François Mitterrand, semble bien éloignée des attitudes qui prévalent désormais.
Or, si nous faisons face à une telle rupture entre le peuple et les élites, c’est aussi parce que ces dernières ont arrêté de penser. Il y a bien longtemps que la vie politique n’est plus qu’une vaste blague, un jeu entre énarques, alors que ce devrait être le terrain de confrontation des philosophie.
Il y avait de l’ontologique dans ce qui sépara la Droite de la Gauche un soir de septembre 1789. Qu’en reste-t-il ?