Selon un sondage Elabe sur Les Français et la politique énergétique de la France, publié le 3 novembre par Les Échos, Radio Classique et l’Institut Montaigne, les Français considèrent à 78 % que le nucléaire civil garantit l’indépendance énergétique de la France, et à 65 % qu’il s’agit d’une énergie d’avenir.

Ces résultats ne surprennent aucun de ceux qui sont familiers de la question, et ils montrent la cassure énorme entre une immense majorité de français clairvoyants, et les clowns intellectuels de la sphère médiatico-politique. Ces derniers n’ont pour bagage que la gauchiste Sciences-Po et la bavarde littéraire ENA, et continuent à croire que le nucléaire, ça se discute.

Le bateleur de foire Mélenchon dont les précédents se plaisent à faire la propagande est totalement désavoué, mais ce qui est grave, c’est la présence à l’Élysée de son allié objectif antinucléaire. Antinucléaire, Macron ? Hélas oui. Un an après avoir fermé les deux réacteurs de Fessenheim et mis en panne notre système nucléaire en provoquant l’arrêt de sa maintenance, il s’est mis en scène dans deux discours annonçant la relance du nucléaire, dont le premier le 12 octobre 2021, il y a plus d’un an. Deux discours parfaitement trompeurs, du Macronnage comme disent nos amis ukrainiens pour désigner un discours auquel il ne faut accorder aucun crédit.

Récemment, il s’est de nouveau mis en scène en inaugurant les éoliennes de St Nazaire, ces machines à vent qui produisent très peu en général, et rien du tout en cas de froid intense anticyclonique. Mais que fait-il pour relancer notre industrie nucléaire ? Rien, absolument rien, malgré l’aggravation insensée de la crise énergétique venue d’une Allemagne antinucléaire, dont les 30.000 éoliennes sont un échec évident, et qui n’a plus de gaz. C’est comme si un malade perdait son sang et que le médecin à son chevet actionnait un ventilateur en attendant qu’il guérisse.

L’électricité va manquer en France. RTE annonce qu’il ne pourra pas approvisionner les français cet hiver. Entre parenthèses, Mme Pannier-Runacher vient de demander à EDF de “débrider” la production des barrages (on va les vider avant la fin de la saison ?) et, tenez-vous bien, celle des éoliennes. Va-t-on décider d’augmenter la vitesse du vent ? La bêtise de cette ministre n’a décidément aucune limite, mais elle a de qui tenir avec ses patrons qui disent sauver la France en mettant un col roulé.

On sait déjà où construire les futurs EPR, EDF la prudente a acquis les terrains à Penly, Gravelines, Bugey, Tricastin, proches des actuelles centrales de sorte que les raccordements seront très peu coûteux, contrairement aux dépenses pharaoniques de raccordement des éoliennes.

Alors, pourquoi après son discours d’octobre 2021, Macron n’a-t-il pas placé l’industrie de la construction nucléaire en “économie de guerre”. Pourquoi n’a-t-il pas réuni tous les gens du secteur en leur donnant les ordres qu’ils attendent : Messieurs, il nous faut aller très vite, mais pas d’excuses, nos amis chinois construisent les EPR2 en 5 ans avec des ingénieurs français. Nous allons faire de même, et je compte sur vous pour étudier, inventer et mettre en œuvre tous moyens pour y parvenir.

Il ne l’a pas fait, il n’a donné aucune instruction, il n’a même pas pris de décision. Donc il ne se passe rien, les contrats ne sont pas établis, les financements ne sont pas prévus, les études ne sont pas lancées. On attend.

Le Groupement des Industriels Français du Nucléaire (GIFEN), les gens des centrales, les nucléaristes, tous les sous-traitants attendent l’ordre du départ. Et les français se demandent pourquoi on attend. Il en va de même avec les petits réacteurs modulaires, qu’il a nommé Small Modular Reactors, étalant son anglais sans savoir que le meilleur constructeur mondial de ces petits réacteurs pilotables et très sûrs, c’est la France, qui les utilise depuis 60 ans dans ses sous-marins et son porte-avion. Jamais un accident, jamais une panne. Ces petits réacteurs de 10 à 300 MW pourraient être construits en grande série pour alimenter à bon marché toutes nos zones insulaires, et aussi se vendre dans le monde entier au grand bonheur de notre balance commerciale catastrophiquement déficitaire.

Mais il n’a rien fait.

Notre chef d’État, c’est Gamelin en 1939. Sorti major de St Cyr, Gamelin faisait des discours stupides que ses officiers avaient l’obligation de répéter à la troupe, du genre “La Pologne va gagner”. Il était fier de lui, borné dans ses idées, et il ne vit rien venir.

Macron est fier de lui, borné dans ses idées, et il ne voit rien venir.
Pour le plus grand malheur des Français.

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