« Alors que le monde est occupé à lutter contre la pandémie de Covid-19, à faire face au chômage de masse et à une récession mondiale, le gouvernement turc profite de la situation pour faire pression sur les minorités », alerte Alexander Görlach lors d’un entretien accordé le 23 juin 2020 au journal Deutsche Welle. 

Selon ce membre de la Fondation Carnegie pour l’éthique dans les affaires internationales, il ne fait aucun doute que les chrétiens de Turquie sont persécutés par leur gouvernement, afin de faire oublier à l’opinion publique de récents revers dans le domaine de la politique étrangère. 

« Peu à peu en usant d’une rhétorique qui mêle habilement nationalisme et islamisme, Ankara fait des chrétiens de Turquie le bouc émissaire idéal », explique Alexander Görlach, car « Erdogan a mal calculé son intervention sur les différents fronts, que ce soit en Syrie ou en Libye, et il cherche maintenant des échappatoires ». 

Celui qui se considère comme l’héritier des sultans de l’empire Ottoman, ne fait pas mystère, depuis plusieurs années, de ses ambitions en Méditerranée. Mais ces dernières se heurtent à un adversaire de taille qui a déjà, en grande partie, rebattu les cartes en Syrie et en Libye : la Russie. 

« Chacun a un levier sur l’autre, les Turcs avec leurs détroits et leur appartenance à l’OTAN et les Russes avec leur gaz et leur supériorité militaire », explique dans Le Monde du 22 juin 2020 l’amiral Pascal Ausseur, directeur de la Fondation méditerranéenne des études stratégiques. 

Résigné à revoir ses ambitions à la baisse, c’est sur le terrain religieux que le gardien de la Sublime Porte intensifie ses efforts, afin de ne pas perdre le soutien du parti islamique au pouvoir, l’AKP, dont il a cruellement besoin pour gouverner. 

Dans ce jeu de dupes, les chrétiens – qui représentent 0,2% de la population turque – sont les premières victimes. 

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