Quelques instants avant l’annonce de l’avènement de Léon XIV, un journaliste français à nos côtés était en train d’envoyer à sa rédaction les deux portraits des deux cardinaux dont « on lui avait dit » qu’ils étaient « les finalistes ». Vous imaginez aisément la suite, lorsqu’on a annoncé que le Cardinal Prévost avait été élu !
Souvenez-vous de l’élection de Benoît XVI en 2005. Les spécialistes nous avaient assuré que si l’on ne connaissait bien sûr pas le nom de celui qui allait être fait pape, au moins on était sûr que ce ne serait pas Ratzinger, selon le fameux principe de « qui entre pape au conclave en ressort cardinal. » Et bam! Ratzinger ce fut.
C’est un petit peu la même chose aujourd’hui. De tous les noms qui ont tourné dans la presse et dans les conversations « bien renseignées » des tables du Borgo Pio, rarement le nom de Prevost fut cité. À tel point que lorsque le cardinal Mamberti eut terminé de prononcer le nom de l’élu, la première réaction de tous les journalistes sur la Place Saint-Pierre autour de nous fut « Who? Qui? ».
Tous les « grands journalistes » de la place nous avaient indiqué qu’il y avait de fortes chances que ce soit un Italien. Encore raté. Pour la seconde fois dans l’Histoire, le pape vient du continent américain, et cette fois-ci, pour la première fois, du nord.
« Un homme bon »
La tentation d’aller décrypter toutes ses positions sur les sujets qui divisent les chrétiens est évidemment grande. L’absence remarquée au balcon de l’intégralité des cardinaux conservateurs a évidemment de quoi inquiéter. Mais chacun s’amusera – ou non – à dénicher ses déclarations passées qui iront – ou non – dans le sens que l’on souhaite. Ce n’est pas notre choix.
Un prêtre de son diocèse nous disait ce jeudi soir que c’était un homme bon. Et finalement, c’est peut-être ce qui compte le plus. Ainsi, si sa bonté prévaut (pardon pour le jeu de mots involontaire…), il aura à cœur de réparer la tunique sans couture de l’Église, bien mise à mal par le pontificat précédent. Il aura à cœur de rassembler là où François ne cessa de diviser. Il aura à cœur de conserver le trésor de la foi là où des pompiers incendiaires auraient choisi de tout chambouler.
Il s’annonce synodal. C’est un mal qui peut être jugulé en fonction de ce qu’il en fera. Il semble très attaché au « réchauffement climatique ». Si cette pirouette lui permet de se mettre dans la poche une certaine presse et ainsi lui donner de l’espace sur les vrais sujets, alors pourquoi pas ?
Deux faits méritent d’être notés : Il est le premier pape de l’Histoire né après la guerre. Et il est inscrit aux États-Unis comme électeur… républicain.
La joie
Le position du catholique est simple : il doit se réjouir que Pierre ait de nouveau un successeur. Il doit aussi se réjouir de la rapidité de ce conclave, qui donne au pape une légitimité très forte.
D’ailleurs, la joie place Saint-Pierre était sincère et réelle. Le temps des actes et de leurs analyses viendra bien assez tôt.