Celui qui vient d’être élu pape sous le nom de Léon XIV, ne peut être facilement classé comme strictement conservateur ou progressiste, car son profil combine des éléments des deux tendances, reflétant une approche nuancée et équilibrée.

Commençons par les tendances progressistes.

On ne peut ignorer sa proximité avec l’héritage du pape François : Il partage plusieurs de ses priorités, notamment un fort engagement envers la justice sociale, l’attention aux pauvres, aux migrants et aux populations marginalisées. Son expérience missionnaire au Pérou, où il a travaillé auprès de communautés pauvres, et ses déclarations sur le rôle de l’évêque comme pasteur proche du peuple, humble et non isolé, s’inscrivent dans une vision pastorale ouverte, souvent associée au progressisme catholique.

Du point de vue des réformes, il a appuyé des évolutions sous François, comme la possibilité pour les catholiques divorcés et remariés civilement de recevoir la communion, une position ultra-progressiste, à la limite du schisme.

Inclusivité dans les processus : En tant que préfet du Dicastère pour les évêques, il a supervisé l’inclusion de trois femmes dans le processus de sélection des évêques, une réforme significative de François visant à diversifier les voix dans la gouvernance de l’Église.

Enfin, dès son adresse au balcon, il a précisé qu’il tenait à la synodalité…

Voyons maintenant ses options plus conservatrices.

Contrairement à François, qui a ouvert la voie à des gestes d’accueil envers les personnes homosexuelles, (comme Fiducia Supplicans autorisant des bénédictions non liturgiques pour les personnes se trouvant dans un couple de même sexe), il a exprimé des réserves. En 2012, il critiquait la culture occidentale pour sa « sympathie » envers le « mode de vie homosexuel » et les « familles alternatives » avec des partenaires de même sexe, suggérant une position plus traditionnelle sur les questions doctrinales et morales. Il a nuancé son soutien à Fiducia Supplicans en insistant sur l’autonomie des conférences épiscopales pour interpréter ces directives localement, ce qui reflète une approche prudente.

Concernant la doctrine, son parcours, marqué par une formation en droit canonique et son rôle dans la sélection des évêques, montre un respect pour l’unité de l’Église et l’autorité de la doctrine. Sa devise épiscopale, « In Illo uno unum » (« un seul en un seul Christ »), inspirée de saint Augustin, souligne l’unité et la fidélité à la tradition.

Bien que des sites-poubelles aient déjà insisté sur le fait qu’il a été critiqué pour sa gestion de cas d’abus sexuels (notamment au Pérou et dans l’ordre augustinien), ses défenseurs affirment qu’il a suivi les procédures canoniques et a contribué à établir des lignes directrices pour protéger les mineurs, ce qui peut être vu comme une approche rigoureuse et conservatrice des règles ecclésiastiques.

Bref, c’est un profil centriste et pastoral.

Le nouveau pape a souvent été décrit comme un « modéré » ou un « centriste », cherchant à concilier les polarisations au sein de l’Église. Son rôle au Pérou, où il a agi comme une figure d’apaisement entre des factions épiscopales divisées (libérationnistes et conservateurs proches de l’Opus Dei), témoigne de sa capacité à naviguer entre des courants opposés.

Connu pour sa discrétion médiatique, son sens de l’écoute et sa maîtrise des dossiers, il évite les postures idéologiques tranchées, préférant une approche pragmatique et pastorale.