Des plateaux des chaînes de télé jusqu’au tréfonds des messageries cryptées qui portent en leur sein les espoirs du peuple blessé, un seul mot rôde, traverse les dialogues, colore les conversations : violence.

Les violences s’opposent.

On a vu lors d’un débat émouvant hier soir sur BFMTV des Français d’horizons modestes expliquer la réalité de leur vie : l’impossibilité de couvrir les dépenses du mois avec leur salaire de misère. N’est-ce point une violence, répétée douze fois l’an, et dont chaque année le sommet est l’impossibilité d’offrir aux enfants et petits-enfants le moindre cadeau à Noël ?

On a vu sur Twitter des journalistes incultes (pardon pour le pléonasme) s’offusquer des outrages subits par l’Arc de Triomphe, en expliquant que c’était un monument « en mémoire des morts de la 1ère guerre mondiale » (qu’apprend-on, sur les bancs de Sciences-Po ?), et qu’il était, conséquemment, sacré. Une violence envers des pierres…

Et puis l’on entend et on lit partout, si l’on veut bien y prêter attention, une violence verbale inouïe à l’égard du président de la République, dont il n’y a plus que lui pour ne pas savoir qu’il est déjà, de facto, déchu. Si l’homme a catalysé les haines par ses dérapages verbaux qui l’ont fait parler publiquement comme l’on ne parle normalement que dans les salons feutrés de la république ou entre soi à la conférence de Bilderberg, la constitution de 1958 n’y est pas étrangère non plus. Dans cette monarchie républicaine voulue par le général De Gaulle, le Président est une incarnation de la nation. Alors que se passe-t-il s’il crache à longueur de discours sur ce qu’il est supposé incarner ?

La violence subie par le peuple de France est, elle, continue, persistante. Elle touche leur vie quotidienne, elle détruit leur santé, elle tue leurs espoirs.

Ailleurs, l’argent coule à flot. Et encore, si le peuple savait… Si le peuple connaissait ne serait-ce qu’une infime partie de la réalité des dépenses des ministères. Par exemple, ces lieux privés prestigieux dont on a besoin 48 h mais qu’on loue pendant un mois entier parce qu’on ne sait pas exactement à quelle date on les utilisera, ces centaines de milliers d’Euros qui partent en fumée à chaque instant… Si le peuple savait… C’est même une expression qui fait rire dans les ministères « ah, si les gens savaient ! » et puis ils éclatent de rire…

La violence subie par le peuple de France le tue peu à peu, depuis des décennies. Alors il a choisi de se lever. Ce beau peuple, chamarré, buriné par le travail, a dit « c’est trop ! ». Ce peuple dont les visages racontent sillon après sillon l’Histoire récente : le courage de 14, l’anéantissement de 40, la reconstruction des trente glorieuses, et toujours l’honneur. Ce peuple qui se comporta tant de fois en héros lorsque la nation l’appela. Ce peuple n’a jamais accepté de subir. Alors, si l’oppresseur s’est depuis tant d’années incrusté dans les ors de la république, le peuple a maintenant décidé de l’en déloger.

Samedi, tout fait craindre que la violence n’atteigne des proportions rarement vues en France.

Les médias – qui prétendent l’inverse – l’espèrent. Rien de tel qu’une bonne intifada pour alimenter les chaînes d’info.

La police – qui se tait – s’y prépare. Et la police, ce sont des citoyens français, pères et mères de famille, qui savent qu’ils ne reviendront peut-être pas de cette confrontation-là.

La France Insoumise – qui rêve au grand soir – attise les braises, persuadée de ramasser les miettes sur les corps des Français tombés.

Samedi, la France a rendez-vous avec l’Histoire. Comment se comportera-t-elle ?