Le Rassemblement national à l’heure du choix

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Sur RTL, Marine Le Pen a reconnu que, si sa condamnation en appel était confirmée, la candidature de Jordan Bardella serait une « évidence ». Le mot est lourd de sens. Il signifie que la mécanique de la succession est déjà prête, que le RN s’organise dans la perspective du pire, et que la justice pèsera sur le destin politique de 2027. Ce qui va bien au-delà de ses prérogatives constitutionnelles.

Il y a dans cette déclaration quelque chose d’à la fois lucide et tragique. Lucide, parce que la députée du Pas-de-Calais sait que son avenir politique repose désormais entre les mains d’une justice dont l’indépendance, en France, laisse bien des citoyens dubitatifs. Tragique, parce qu’après trois campagnes présidentielles, la femme qui a porté seule l’espoir d’une France souveraine semble préparer sa sortie contrainte, au profit de son dauphin, Jordan Bardella.


Le message sous-jacent est clair : Marine Le Pen s’attend à un verdict défavorable. La condamnation à cinq ans d’inéligibilité, confirmée par le Conseil d’État, n’est pas un simple épiphénomène administratif : c’est une épée de Damoclès, suspendue au-dessus d’une candidate qui, trois fois, a frôlé l’Élysée. Dans un pays normal, la justice ne devrait pas dicter la compétition électorale. En France, c’est devenu une habitude.

Le nom de Jordan Bardella s’impose donc comme celui du recours. Jeune, habile, maîtrisant la communication comme personne, il a su incarner la respectabilité du mouvement sans trahir sa base. Son accession à la tête du parti n’a été qu’une étape : la vraie épreuve sera celle du scrutin suprême. Et Marine Le Pen le sait : si elle venait à tomber, il faudra un visage prêt à fédérer, à parler au peuple sans effrayer les élites, à rassembler sans diluer.

Reste à savoir si la France acceptera qu’une décision judiciaire, rendue à quelques mois du scrutin, décide du choix offert au peuple. Si la justice devait écarter Marine Le Pen de la course, elle ne condamnerait pas seulement une femme : elle modifierait « l’offre électorale » pour un électorat tout entier.

Et c’est peut-être cela, le véritable enjeu de 2027 : savoir si les Français voteront encore librement — ou si, à force d’instrumentaliser la justice, le pouvoir aura trouvé le moyen d’écarter ses adversaires sans passer par les urnes.

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