Nos confrères du JDD ont interviewé Fabrice Leggeri, ancien directeur de Frontex, l’agence de l’Union européenne chargée du contrôle des frontières. Il y dénonce l’Europe d’Ursula von der Leyen et justifie son ralliement à Jordan Bardella en troisième position sur la liste des Européennes. Extraits :

Quand avez-vous réalisé les limites de votre poste de fonctionnaire et décidé de vous lancer en politique ?

Cela fait deux ans que cette idée a germé en moi. En avril 2022, j’ai quitté ma fonction de directeur de Frontex, réalisant que je n’avais plus les moyens politiques nécessaires pour mener à bien la mission qui m’était confiée. Cette mission consistait depuis 2015 à établir le corps européen de gardes-frontières et de gardes-côtes pour protéger la France et l’Europe du déferlement migratoire. Toutefois, dès octobre 2019, lors de mes premiers échanges avec la nouvelle commissaire européenne, Madame Johansson, j’ai perçu un changement dans les directives. Ce changement est devenu évident pour moi lorsque la commissaire m’a indiqué la chose suivante : « Votre job, c’est de faire rentrer les migrants et de les accueillir parce qu’ils viennent par amour. Et que ça vous plaise ou non, nous sommes un continent vieillissant et donc vous devez les laisser rentrer. » Face à cette nouvelle orientation, aux attaques et intimidations subies, j’ai réalisé que pour défendre mes convictions et le continent de la submersion migratoire, je devais m’engager moi-même en politique.

(…)

En réalité, pour avoir voulu contrôler l’immigration, j’ai subi des pressions et j’ai ressenti un abandon général. Le gouvernement français m’a pressé de démissionner. L’Allemagne n’était pas encline à me soutenir. La Commission européenne, manifestement hostile à mon égard, souhaitait mon départ. En outre, j’ai été confronté aux attaques de divers lobbies et ONG, qui agissent contre la souveraineté des États et vont à l’encontre de la volonté des peuples français et européens. Mais cette expérience de sept ans à la tête de Frontex m’a convaincu de la nécessité de s’opposer à l’Europe de von der Leyen, qui est en réalité l’Europe de Macron. Un changement de cap s’est opéré en 2019, il est temps d’y mettre fin. Désormais, nous devons lutter contre cette Commission européenne qui encourage et tolère cette submersion migratoire.

« Encourage » ? Le mot est fort.

Oui ! Avec le Pacte sur la migration et l’asile, la Commission européenne va favoriser l’afflux migratoire. Ce pacte vise à répartir les migrants à travers l’Union européenne tout en sanctionnant financièrement les États membres qui refuseraient. Ce qui me frappe dans ce Pacte des migrations, c’est le mépris pour la souveraineté des États et l’absence de mesures concrètes pour mettre fin au trafic d’êtres humains qui transporte physiquement des centaines de milliers de migrants sur le sol européen à nos frontières. Nous devons prendre conscience de l’ampleur de ce phénomène et des enjeux humanitaires qu’il implique.

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