La publication, en France, d’un rapport sur l’islamisme politique continue de susciter des réactions au-delà des frontières hexagonales. Selon plusieurs médias suédois, le document – rendu public le 21 mai – a provoqué un vif débat en Suède, où il est explicitement mentionné à plusieurs reprises.
Le rapport, intitulé Frères musulmans et islamisme politique en France, cite la Suède aux côtés du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de l’Autriche comme un pays où « le besoin d’un état des lieux de la mouvance frériste se fait sentir ». Cette analyse, rédigée par un groupe d’experts indépendants à la demande du gouvernement français, entend dresser une cartographie des réseaux et des influences idéologiques liés aux Frères musulmans sur le territoire national et en Europe.
Selon les éléments recueillis par les auteurs du rapport, « la présence active » de la mouvance frériste est attestée dans plusieurs pays d’Europe du Nord, notamment aux Pays-Bas, au Danemark et en Suède. Le document souligne que, malgré une implantation jugée numériquement restreinte dans le royaume scandinave, la branche suédoise se distingue par son rayonnement à l’échelle continentale.
Toujours d’après les sources du rapport, cette influence s’expliquerait notamment par « des apports financiers en provenance du Qatar », conjugués à « la tolérance élevée qu’autorise la politique multiculturaliste suédoise ». Le texte met également en avant les liens entretenus entre certains segments de la mouvance islamiste et des forces politiques locales, citant en particulier « le Parti social-démocrate suédois ».
Ces affirmations ont été reprises dès leur publication par plusieurs titres de la presse suédoise. D’après la télévision publique SVT et le quotidien Dagens Nyheter, la droite au pouvoir, ainsi que les Démocrates de Suède (extrême droite), ont rapidement exploité le contenu du rapport pour critiquer les partis de gauche. Plusieurs responsables conservateurs ont ainsi accusé le Parti social-démocrate d’entretenir, de manière directe ou indirecte, des liens de complaisance avec des groupes idéologiquement proches de la mouvance frériste.
Le rapport français ne formule toutefois aucune accusation juridique, se bornant à dresser un état des lieux basé sur « l’observation de faits, d’allocations publiques, de structures associatives et de discours tenus dans l’espace public », précise le texte. Il appelle par ailleurs à une vigilance accrue des États européens face aux stratégies d’entrisme, définies comme des tentatives de pénétration de structures sociales ou politiques dans le but d’y faire avancer un projet idéologique.
Sollicité par les médias, le Parti social-démocrate suédois a, jusqu’à présent, refusé de commenter les conclusions du rapport français. Aucune réaction officielle n’a non plus été formulée par le ministère suédois de l’Intérieur.