Il y a deux semaines, en passant sur les quais, j’ai pris trois photos de notre cathédrale, comme ça, en voiture, par la fenêtre. Les photos sont de travers, on n’y voit pas grand-chose, mais on distingue bien la toiture. J’ai cinquante ans. Il est donc fort probable que ces photos sont les dernières que j’aurai pu faire de Notre-Dame de Paris complète.

Les décennies qui viennent seront celles de la reconstruction, de la réinvention de la cathédrale. Le travail sera tellement long que les enfants qui naissent cette année auront le temps de grandir et d’apprendre un métier avant de rejoindre le chantier dans vingt ou trente ans.

Il est impossible de ne pas lier mentalement cette destruction avec le constat que l’on fait chaque jour de cette civilisation qui s’éteint. Même si l’incendie s’avère purement accidentel (l’enquête a commencé), il y a du symbolique dans ces flammes qui mangent avidement notre Histoire, la trace de notre Foi et de notre baptême. Ces flammes que nos larmes, tombées du Ciel, ont fini par éteindre…

Et moi, je m’en vais, sûr que ma vie parisienne n’aura plus jamais le même goût. Jusqu’à mon dernier souffle.

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