Il fut un temps où les mots servaient à nommer les choses. Aujourd’hui, ils servent surtout à les contourner. À Rennes, une députée de La France insoumise a cru bon de saluer non pas un marché de Noël, mais une « fête d’hiver », événement nommé ainsi par les gauchistes de Rennes.
Un détail ? Pas vraiment. Car derrière ce glissement lexical se cache une mécanique désormais bien connue.
Le malaise d’une gauche face aux traditions
Noël n’est plus seulement une fête. Il est devenu, pour une partie de la gauche, un sujet embarrassant. Trop connoté. Trop enraciné. Trop populaire, aussi. Alors on l’enrobe, on l’édulcore, on le neutralise. On parle d’hiver, de saison, d’ambiance. Tout, sauf du mot lui-même.
La réaction des internautes et de nombreuses personnalités politiques n’a rien d’étonnant. Beaucoup y voient moins une maladresse qu’un réflexe idéologique : celui qui consiste à considérer les traditions françaises comme suspectes dès lors qu’elles rappellent une histoire, une culture, voire une civilisation.
Une inclusion à géométrie variable
Le paradoxe est frappant. Au nom de l’inclusion, on gomme ce qui rassemble encore largement les Français, croyants ou non. Noël dépasse depuis longtemps la seule dimension religieuse. Il est une fête familiale, culturelle, affective. Un repère commun dans un pays fragmenté.
Mais cette évidence semble poser problème. À force de vouloir ne froisser personne, on finit par agacer tout le monde. Et surtout par donner le sentiment que certaines références doivent disparaître pour satisfaire une vision idéologique du vivre-ensemble.
Quand les mots révèlent le fond
Personne n’ignore que les marchés de Noël continueront d’exister, qu’on les appelle ainsi ou autrement. Mais le choix des mots n’est jamais neutre. Il traduit une intention, consciente ou non. En remplaçant Noël par « hiver », ce n’est pas une fête que l’on célèbre, c’est un effacement que l’on opère.
Les Français, eux, ne s’y trompent pas. Ils savent reconnaître, derrière ces précautions lexicales, une gêne plus profonde : celle d’assumer ce que nous sommes, d’où nous venons, et ce qui nous unit encore.
À vouloir trop lisser le réel, on finit par le vider de son sens. Et Noël, qu’on le veuille ou non, reste un mot qui parle au cœur de millions de Français. Qu’il plaise ou non aux ingénieurs du langage.