La France prépare un projet pour lire tous vos messages privés, même chiffrés

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C’est un projet qui fait froid dans le dos. Selon le site Clubic, plusieurs États membres de l’Union européenne, dont la France, l’Allemagne, l’Espagne et la Pologne, soutiennent activement une proposition réglementaire surnommée « Chat Control ». Objectif officiel : lutter contre la pédocriminalité en ligne. Mais la méthode soulève une vague d’indignation chez les défenseurs des libertés publiques.

Ce texte obligerait toutes les plateformes de messagerie – de WhatsApp à Signal, en passant par Telegram – à scanner automatiquement et systématiquement tous les messages envoyés, y compris ceux chiffrés de bout en bout. Cette analyse ne serait pas faite sur les serveurs, mais directement sur les téléphones, tablettes ou ordinateurs des utilisateurs, avant que les messages soient cryptés : une technique baptisée client-side scanning.


Autrement dit, c’est une porte ouverte à une surveillance de masse permanente, dans la poche de chaque citoyen européen.

Une intrusion massive au cœur de l’intimité numérique

L’eurodéputé Patrick Breyer, membre du Parti Pirate allemand, tire la sonnette d’alarme : « Nous avons affaire à un projet de surveillance de masse inédite en Europe ». Et il n’est pas le seul. De nombreuses associations de défense des droits numériques dénoncent une atteinte sans précédent à la vie privée, garantie pourtant par la Charte européenne des droits fondamentaux.

Les magistrats du Conseil de l’Union européenne eux-mêmes estiment que la mesure est disproportionnée, pointant le risque élevé de faux positifs (des messages parfaitement légitimes considérés à tort comme suspects), et une efficacité douteuse : les vrais réseaux pédocriminels utilisent souvent des canaux bien plus sophistiqués que WhatsApp ou Messenger.

Des conséquences inquiétantes

Le plus alarmant reste peut-être la possibilité, une fois la boîte de Pandore ouverte, que cet outil de surveillance soit exploité par des régimes autoritaires ou des cybercriminels. En forçant les entreprises à intégrer des dispositifs d’analyse dans leurs applications, ces pays créeraient volontairement des failles de sécurité dans des outils autrefois jugés sûrs.

La logique est connue : au nom de la protection des enfants, on déploie une technologie intrusivement puissante, qui pourra être utilisée demain à d’autres fins. Lutter contre la pédocriminalité est un impératif, mais sacrifier la vie privée de 450 millions d’Européens n’est ni justifiable, ni efficace.

Silence politique

En France, peu de responsables politiques se sont exprimés clairement sur le sujet. L’exécutif soutient la mesure à Bruxelles, mais aucun débat national n’a été ouvert sur ses conséquences. Une fois encore, le principe de précaution semble s’arrêter là où commence la sacro-sainte promesse de sécurité totale.

Reste une question : si nos messages privés doivent désormais être inspectés avant même d’être envoyés, sommes-nous encore libres de penser, d’échanger et de contester ? La démocratie peut-elle survivre à une telle surveillance préventive ?

L’Europe se targue d’être le continent des libertés. Mais à force de vouloir protéger à tout prix, elle finit par devenir elle-même une machine à contrôler.

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