Xavier Driencourt, qui a représenté les intérêts de la France à Alger pendant plusieurs années, estime que Paris craint de se brouiller avec un acteur dans la lutte contre l’immigration clandestine et le terrorisme au Sahel.

La France doit avoir une position beaucoup « moins timorée » vis-à-vis de l’Algérie. Cela permettrait de tourner la page, 60 ans après l’indépendance de ce pays, et de construire une relation « équilibrée », estime Xavier Driencourt.

« Les Algériens ne comprennent que le rapport de force. Il faut que nous aussi on ait un discours qui soit plus clair », dit-il dans un entretien avec l’AFP à l’occasion de la sortie de son livre « L’énigme algérienne ».

Xavier Driencourt a été à deux reprises ambassadeur de France en Algérie, de 2008 à 2012 puis de juillet 2017 à juillet 2020, notamment durant le mouvement de protestation populaire du Hirak qui mit fin à 20 ans de règne du président Abdelaziz Bouteflika en 2019.

Selon lui, la France est « paralysée » vis-à-vis d’Alger de peur de « fâcher », subir des « mesures de rétorsion », perdre l’attention d’un acteur clé pour la sécurité au Sahel et la lutte contre l’immigration clandestine. « Il faut qu’on ait une position moins timorée, beaucoup plus forte », affirme le diplomate. « Nous avons trop souvent tendu l’autre joue après avoir reçu une gifle », écrit-il également. Les responsables politiques français « n’ont pas une vision lucide et saine de la relation bilatérale parce que l’Algérie c’est autant de la diplomatie que de la politique intérieure ». Ils doivent en permanence composer entre des intérêts contradictoires, ceux des rapatriés qui se cristallisent en partie dans un vote d’extrême-droite et ceux des Français issus de l’immigration algérienne qui ont toujours un regard tourné vers Alger, la capitale algérienne.

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