Il aura fallu des années de laxisme, des dizaines de millions envolés et des rapports ignorés pour que la Cour des comptes s’en émeuve enfin : des milliers de pensions françaises continuent d’être versées… à des retraités qui ne sont plus de ce monde.
Chaque année, près de 60 millions d’euros disparaissent dans ce gouffre d’incohérence et de fraude. Et pendant que le contribuable français se saigne pour financer un système exsangue, des morts “touchent” encore leur pension sous le soleil du Maghreb.
1 million de retraités français vivent à l’étranger : un contrôle tous les six ans !
Le chiffre est vertigineux : un million de retraités perçoivent une pension française à l’étranger. Parmi eux, 77 % vivent en Algérie, au Maroc, en Tunisie, au Portugal, en Espagne, en Italie ou en Belgique.
Désormais, la Cour des comptes veut sévir. “Sévir”, façon de parler : l’Agirc-Arrco prévoit de contrôler les retraités algériens… à raison de 16 % par an. Autrement dit, il faudra six ans pour vérifier si un retraité est encore vivant. Six ans ! Dans quel autre pays au monde une telle lenteur bureaucratique serait-elle tolérée ?
Et pour les autres pays, même scénario : convocations par les banques partenaires, vérification d’identité, reconnaissance faciale sur smartphone… On en est là : la France a besoin d’applis pour savoir si ses retraités étrangers respirent encore.
L’État se réveille après avoir tout laissé faire
On découvre aujourd’hui, avec un effarement mêlé de fatalisme, ce que tout le monde savait depuis des années : des pensions versées à des défunts, des certificats de vie falsifiés, des agents locaux corrompus, des “héritiers” qui continuent de percevoir indûment les virements.
Tout cela, bien sûr, sur le dos des cotisants français. Pendant que le pays croule sous la dette, pendant que les jeunes actifs voient leurs retraites s’éloigner à l’horizon d’un mirage, l’État a fermé les yeux sur un système d’une opacité invraisemblable.
Le scandale d’une “générosité” sans frontières
On nous expliquera, avec la langue de bois habituelle, qu’il ne faut pas “stigmatiser”, qu’il s’agit de “cas isolés”. Mais les chiffres parlent d’eux-mêmes : des dizaines de millions d’euros partis dans la nature. Et combien de contrôles véritablement réalisés, sur le terrain ?
La vérité, c’est que la France est devenue le seul pays au monde à verser des retraites à l’étranger sans vérifier si leurs bénéficiaires existent encore. Un modèle d’angélisme administratif et de lâcheté politique.
Pendant ce temps, en France…
Pendant que la Cour des comptes se félicite de sa “nouvelle stratégie”, le pays réel, lui, voit ses retraités français compter chaque euro. Des veuves de paysans, des ouvriers qui ont travaillé quarante-cinq ans, qui doivent justifier chaque centime de pension pendant que des fraudeurs à 3 000 kilomètres profitent de la complaisance d’un État impuissant.
On nous parle de “lutte contre la fraude”. En vérité, il s’agit de rattraper des décennies de renoncements. Il n’y a pas de honte à vouloir s’assurer que l’argent des Français revienne… aux Français.
La vraie honte, c’est d’avoir laissé s’installer ce scandale d’État, dans le silence et l’indifférence, pendant que les honnêtes gens, eux, continuent de payer pour les morts.