Isolement des personnes âgées : le naufrage d’une société qui a oublié les siens

Photo : Bruce Tang

750.000. C’est le chiffre effrayant révélé par le dernier baromètre des Petits Frères des pauvres : trois quarts de million de seniors vivent en situation de « mort sociale » en France. Pas de famille, pas d’amis, pas même un voisin pour échanger quelques mots. Des vies réduites au silence, des êtres humains traités comme des ombres.

Et ce nombre a bondi de 150 % en huit ans. En 2017, elles étaient 300.000. Aujourd’hui, c’est plus du double. Demain ? Nul ne veut imaginer.


Ce drame n’est pas seulement celui du grand âge. C’est celui d’une société qui a renoncé à la transmission, à la famille, à la communauté. On parle de retraites, de financement, de pouvoir d’achat, mais on oublie la dimension la plus simple et la plus humaine : la présence. Quand une société en arrive à ce que près d’un million de ses anciens meurent socialement avant de mourir biologiquement, c’est qu’elle a perdu son âme.

Le rapport le souligne : la baisse de la natalité, l’éclatement des familles, l’exode rural, l’absence de liens de voisinage. Tout cela concourt à ce désastre. Et l’on s’étonne que le taux de suicide des 85-94 ans soit deux fois plus élevé que la moyenne nationale ?

La France des années 1950 connaissait la pauvreté, mais elle connaissait la solidarité de proximité. Aujourd’hui, nous avons les aides sociales, mais nous avons détruit la famille, déserté les villages, supprimé les commerces, et même les associations manquent d’air. Le résultat : des vieillards enfermés dans leurs appartements comme dans des cercueils anticipés.

Les Petits Frères des pauvres appellent à une mobilisation citoyenne. Mais est-ce à quelques bénévoles courageux de réparer ce que l’idéologie progressiste a méthodiquement détruit ? La vérité est crue : sans famille, sans enfants, sans enracinement, l’homme moderne finit seul, devant une télévision éteinte.

Voilà le prix de la société individualiste et hors-sol qu’on nous vend depuis des décennies. On a voulu briser les liens pour libérer l’individu. On a fabriqué des solitudes.

Les chiffres du rapport devraient provoquer un électrochoc national. Mais il y a fort à parier qu’ils seront vite oubliés, noyés dans un flot de polémiques stériles. Pendant ce temps, nos anciens continuent de mourir… non pas seulement de vieillesse, mais d’abandon.

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