Une expulsion tous les trois jours. C’est, depuis janvier, le rythme auquel la République semble redécouvrir l’usage de la fermeté face à ceux qui rêvent de sa chute. 64 expulsions d’individus fichés pour radicalisation islamiste en sept mois. C’est mieux que rien. C’est même salué par certains. Mais à ce niveau de gravité, mieux que rien ne veut pas dire suffisant.
Car qu’on se le dise : il ne s’agit pas ici de régulariser un étudiant sans papier ou de débattre de quotas de travailleurs saisonniers. Il s’agit d’ennemis déclarés de la France. De terroristes ou de leurs admirateurs actifs. Ceux-là mêmes que nos services ont fichés, suivis, jugés, parfois condamnés. Et que, jusque-là, on gardait bien au chaud sur le territoire.
Il a fallu attendre 2025 pour que l’État commence à comprendre que l’hospitalité ne se pratique pas envers ceux qui rêvent de poser une bombe sous la table.
La place d’un islamiste, ce n’est ni à Nanterre, ni à Nice, ni à Calais, c’est dans un avion, menotté, direction retour sans escale. Parmi les profils expulsés, des anciens de Daech, des individus qui trouvent l’État islamique trop “laxiste”, des recruteurs, des agents dormants. Et pendant ce temps, combien de fichés toujours en liberté ? Combien de lieux de culte infiltrés ? Combien de “refugiés” radicaux reçus à bras ouverts avant de montrer leur vrai visage ?
La République a longtemps préféré fermer les yeux pour ne pas “stigmatiser”, pour ne pas “faire le jeu de l’extrême droite”, pour ne pas froisser ses partenaires internationaux. Résultat : des islamistes ravis d’évoluer dans un pays désarmé moralement, paralysé juridiquement, anesthésié idéologiquement.
Aujourd’hui, on expulse. Tant mieux. Mais le simple fait que cela étonne, voire dérange, dans certains milieux, montre à quel point l’ennemi a su coloniser nos esprits.
Soyons clairs : le principe de précaution devrait s’appliquer ici plus qu’ailleurs. À quoi bon débattre de l’inflation ou de la réforme des retraites si l’on tolère sur notre sol ceux qui souhaitent faire exploser une rame de métro ou un marché de Noël ?
Que Bruno Retailleau veuille faire du “name and shame”, très bien. Que les préfets rendent des comptes chaque semaine, excellent. Mais il faudra plus qu’une poignée d’expulsions pour que les Français oublient des années d’aveuglement, de faiblesse, d’idéologie du déni.
La vraie sécurité ne consiste pas à colmater les brèches dans un mur déjà troué de partout. Elle consiste à refuser l’entrée aux destructeurs et à ne pas trembler quand vient l’heure de procéder à des reconduites à la frontière.
Expulser des islamistes fichés ? Ce n’est pas une politique. C’est un devoir. Et il a trop longtemps été négligé.