C’est un témoignage de plus. On serait tenté de dire « encore un… ». Mais cette accumulation ne peut laisser de marbre. Cette fois-ci, ce sont nos confrères de Ouest-France qui sont allés à la rencontre d’une enseignante, professeur de Français en banlieue parisienne.

J’ai commencé mon cours en présentant des dessins de Daumier, puis des Unes de Charlie Hebdo, mais pas celles représentant Mahomet. Jamais, je n’ai employé le mot caricatures. Le cours s’est bien passé. Après, je leur ai dit de prendre une feuille et de répondre, anonymement, à ces trois questions : « Que s’est-il passé le 16 octobre ? » ; « Qu’avez-vous retenu du discours d’Emmanuel Macron lors de l’hommage à Samuel Paty ? » ; « Y a-t-il des points que vous souhaitez évoquer ? »

Et là, je suis tombée de ma chaise.

En résumé, un tiers des élèves disait : « Ce n’est pas normal de critiquer l’islam, comme les autres religions, d’ailleurs » ; « C’était mieux avant quand il n’y avait pas de liberté d’expression » 

À la fin, je leur ai dit, pour détendre l’atmosphère : « Rassurez-moi, vous n’allez pas me décapiter ? » Un élève m’a répondu : « Vous inquiétez pas. Pas vous… »

Un tiers d’une classe qui conteste le programme, c’est effrayant, ça va être difficile à déconstruire.

Que répondre quand on me demande : « Pourquoi Dieudonné, il perd tous ses procès, et Charlie Hebdo, jamais ? »

En effet, « ça va être difficile à déconstruire »…

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