Immigration : Retailleau brandit le levier des visas pour faire plier les pays récalcitrants
Tout le dossier : ImmigrationCe vendredi 10 janvier, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, se rend à Nantes pour une visite stratégique à la Sous-direction des visas. À cette occasion, il dévoilera son plan visant à conditionner la délivrance des 2,4 millions de visas accordés annuellement par la France à la coopération des pays d’origine en matière migratoire. Comme le rapporte L’Opinion, cette initiative marque un tournant dans la politique migratoire française, avec une approche axée sur les contreparties et la fermeté.
Un levier stratégique pour maîtriser les flux migratoires
Selon L’Opinion, l’objectif principal de ce plan est clair : ne plus délivrer de visas sans obtenir des engagements concrets des pays d’origine, notamment en ce qui concerne la réadmission de leurs ressortissants en situation irrégulière en France. Cette stratégie s’appuie sur des dispositifs légaux récents, notamment le droit européen et la loi Darmanin du 26 janvier 2024, qui permettent d’utiliser le « levier visas-réadmission ».
Le ministre souhaite ainsi que les capitales étrangères qui refusent de récupérer leurs ressortissants soient directement pénalisées par une restriction de l’octroi de visas. Cette approche cherche à rompre avec les pratiques passées, souvent jugées inefficaces, en imposant des conditions claires et fermes à la coopération migratoire.
Cette fois, il s’agit de mettre en place une politique plus transactionnelle, en liant directement la délivrance des visas aux efforts des pays concernés pour reprendre leurs ressortissants en situation irrégulière. Cette stratégie est également étendue à l’aide publique au développement, qui devra désormais être utilisée comme un outil de coopération conditionnelle.
Des ambitions freinées par des arbitrages internes
Comme le rapporte L’Opinion, Bruno Retailleau aurait souhaité aller encore plus loin en obtenant un contrôle total sur la délivrance des visas, une demande à laquelle l’Élysée n’a pas donné suite. Les décrets d’attribution publiés le 9 janvier au Journal Officiel montrent que cette compétence reste partagée avec les ministères des Affaires étrangères et de l’Économie, malgré les négociations intenses menées par le ministre de l’Intérieur.
Cependant, Retailleau conserve une influence majeure dans la mise en œuvre de ces nouvelles directives. Il entend démontrer que des consignes fermes et une volonté politique forte peuvent avoir un impact significatif sur la maîtrise des flux migratoires, même en l’absence d’une grande réforme législative.
Vers une politique migratoire plus ferme et transactionnelle
Avec ce plan, la France cherche à adopter une politique migratoire plus pragmatique et axée sur les résultats. En conditionnant la délivrance des visas et l’aide publique au développement à des engagements clairs des pays partenaires, le gouvernement espère renforcer la gestion des flux migratoires tout en envoyant un signal fort à l’opinion publique.
Selon L’Opinion, cette approche marque un changement de paradigme, où la coopération internationale est perçue avant tout comme une transaction, plutôt qu’une aide inconditionnelle. Si cette stratégie réussit à obtenir des résultats concrets, elle pourrait redéfinir les relations entre la France et les pays d’origine des migrants.
Reste à voir comment ces nouvelles mesures seront perçues à l’international et si elles permettront de surmonter les défis migratoires auxquels la France est confrontée. Pour l’heure, le ministre de l’Intérieur semble déterminé à imposer une ligne de fermeté et de pragmatisme.