Il est des paroles rares dans l’administration républicaine, surtout quand elles sont portées par un homme venu de la gauche. Didier Leschi, directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), vient de livrer un rapport d’une clarté remarquable, qui tranche avec les euphémismes habituels du discours institutionnel sur l’immigration. Son sujet : la poussée migratoire afghane, massive, rapide, et profondément déstabilisatrice pour la société française.

Ancien préfet pour l’égalité des chances, homme de convictions, Leschi n’est pas un polémiste. Il connaît ses dossiers, il connaît le terrain, et il parle en fonctionnaire d’expérience — pas en idéologue. Et c’est peut-être ce qui donne toute sa force à cette note publiée par la Fondapol : en une quarantaine de pages, il expose les faits, les chiffres, les conséquences. Sans haine. Mais sans fard non plus.

Depuis 2015, plus de 100 000 Afghans sont arrivés en France. À titre de comparaison, ils n’étaient que 1600 en 2007. Le phénomène, selon Leschi, est soudain, inattendu, massif. Et surtout : il met à l’épreuve notre modèle d’intégration. Faut-il vraiment s’en étonner ?

Une marginalisation programmée

Leschi ne pratique pas la langue de bois. Il rappelle que 40 % des Afghans arrivés en France déclarent n’avoir jamais été scolarisés. Qu’ils viennent d’un pays marqué par l’islam rigoriste. Qu’ils ne parlent pas notre langue, n’en partagent ni les codes ni les valeurs. Et qu’ils ne viennent pas, pour l’essentiel, défendre une cause politique, mais fuir une misère endémique. Dangers potentiels : marginalisation, ghettos, économie parallèle, délinquance de survie.

Ces constats sont aujourd’hui ceux d’un haut fonctionnaire. Et pourtant, ils auraient valu, il y a quelques années encore, une mise au pilori médiatique. Mais cette fois, même les chiens de garde habituels sont restés étonnamment silencieux. Pourquoi ? Peut-être parce que le réel finit toujours par s’imposer. Peut-être aussi parce qu’un certain ras-le-bol a gagné jusqu’aux rangs de la gauche républicaine.

Le droit d’asile dévoyé

Didier Leschi ne remet pas en cause le droit d’asile. Il en défend même l’esprit. Mais il rappelle une vérité que beaucoup veulent oublier : fuir la misère ne donne pas droit à l’asile. Et ce que nous voyons, aujourd’hui, ce n’est pas un afflux de résistants au régime taliban. Ce sont, en majorité, des hommes jeunes, seuls, coupés de tout ancrage culturel, familial ou professionnel avec notre pays.

Or, sans structure familiale, sans formation, sans travail, que deviennent ces individus ? L’intégration devient impossible. Le communautarisme devient inévitable. Et la fracture devient irréversible.

Un cri d’alarme que l’on ferait bien d’écouter

Ce que dit Didier Leschi, en creux, c’est que nous avons trop longtemps fermé les yeux. Que l’humanisme ne consiste pas à accueillir sans limites, sans discernement, sans courage. Qu’il faut dire non quand l’équilibre national est en jeu. Et que continuer dans le même sens, c’est préparer le chaos.

Alors oui, ce constat dérange. Il déplaît aux tenants de l’angélisme migratoire, à ceux qui confondent hospitalité et capitulation. Mais il est salutaire. Parce qu’il vient d’un homme qui connaît la machine de l’intérieur. Parce qu’il est fondé sur des faits. Et parce qu’il est, tout simplement, réaliste.

Il est temps que nos dirigeants écoutent ces voix lucides, avant que d’autres, moins modérées, ne s’imposent par la force du désespoir.