Les écarts d’espérance de vie entre départements ruraux et départements urbains se sont aggravés depuis trente ans, selon une étude menée par l’Association des maires ruraux de France (AMRF). Il y a 14.216 décès par an en plus dans les zones rurales que ce qui serait attendu si l’espérance de vie était identique à celle des villes.

L’espérance de vie du moment des habitants en zone rurale à la naissance est jusqu’à deux ans moindres que ceux des villes. En 2021, chez les hommes, elle était de 78,8 ans dans les départements considérés comme hyper-ruraux, contre 80,2 ans dans les départements hyper urbains. Chez les femmes, l’espérance de vie du moment était alors de 84,9 ans pour celles des milieux hyper ruraux et de 85,7 ans en milieu hyper urbain, alors qu’en 1990, la différence était quasiment nulle.

« Le plus surprenant est la régularité extrême du lien entre types de départements et espérance de vie », note l’étude.

Mais à y regarder de plus près, souligne l’étude, d’autres inégalités apparaissent : une opposition entre les préfectures et le reste du département, notamment. Ou encore des “effets de bordure” : “Les zones de surmortalité les plus importantes sont situées aux limites des départements et très souvent aux marges des régions à cheval sur deux ou trois départements. Ces territoires sont comme des délaissés de l’organisation territoriale”, fustige l’AMRF, qui souligne que “la centralisation des soins a des effets délétères qui contribuent à l’abandon des territoires périphériques”.

Ces résultats confirment donc, selon l’association, que “la localisation en ville ou à la campagne devient un facteur déterminant des inégalités d’espérance de vie”. Face à ce constat, l’Association des maires ruraux de France rappelle “l’importance de la proximité dans l’organisation du service de santé”. Elle appelle à une “refondation de la démocratie sanitaire”. Pour cela, elle a réuni 35 réseaux de professionnels de santé et d’élus, tels que Familles rurales ou la Macif afin de présenter des propositions de solutions concrètes.

Quatre propositions ont fait consensus : “donner des moyens aux étudiants en santé de faire des stages hors du lieu de formation initiale (en développant notamment les hébergements territoriaux des étudiants en santé et les aides au transport), mettre en place et développer les équipes de soins coordonnées autour du patient (Escap) et mieux répartir les professionnels de santé” à travers par exemple “la création d’un guichet unique d’accompagnement qui centralise à l’échelle de chaque département, les besoins territoriaux, les aides financières, l’accompagnement administratif et les informations relatives à la vie familiale du professionnel”. Ils plaident aussi pour “développer de nouvelles manières de pratiquer susceptibles d’assurer à la population une prise en charge rapide et en proximité”.