La guerre est de retour en Europe. Depuis 6 mois, l’intervention russe en Ukraine provoque de multiples réactions et condamnations de la part des opinions publiques européennes et occidentales. À leurs yeux, Vladimir Poutine est l’agresseur et porte une lourde responsabilité dans ce qui est au regard du droit  international une agression indubitable.

Prima facie, cette analyse est largement partagée par les médias français, européens et les opinions publiques dites occidentales.

Toutefois, elle n’est pas partagée par de nombreux pays dans le monde qui se sont refusés à condamner la Russie à l’ONU, que ce soit en Afrique ou en Asie, une réalité qui prouve que l’ »Occident » ne tient plus le haut du pavé dans le monde.

De plus, l’OTAN apparaît à nouveau comme une machine américaine qui veut être le gendarme du monde ; en termes clairs, nombre de pays sont hostiles à cette stratégie de domination, ce que traduisent les réserves exprimées à l’Assemblée générale des Nations Unies.

La réalité géostratégique mérite une analyse plus fine et il convient de dépasser les évidences :

– Poutine a commis une faute en ouvrant les hostilités, il a violé le droit international, sans oublier les violations identiques des Américains en Irak et ailleurs …

– Ne l’oublions pas, depuis 2014, les États-Unis arment l’Ukraine et lui donnent tous les renseignements utiles pour conduire une guerre moderne avec des livraisons de plus en plus importantes d’armes efficientes. 

Pour Washington, la Russie est l’ennemi idéal pour souder les vassaux européens après la débandade des Américains en Afghanistan, et leur permet de retrouver à peu de frais mais jusqu’au dernier soldat ukrainien une aura perdue.

– Les Russes prétendent qu’ils ont effectué un guerre préemptive pour répondre aux attaques répétées contre les populations du Donbass qui subissent des bombardements incessants perpétrés par Kiev, les Ukrainiens s’étant refusés d’appliquer les Accords de Minsk négociés avec succès par François Hollande.

La France avec Emmanuel Macron tente de préserver un dialogue avec Vladimir Poutine, notamment pour préserver l’intégrité fonctionnelle de la centrale nucléaire de Zaporijia.

La France s’est totalement engagée en faveur du président Zelensky, lui fournissant des armes prélevées sur les propres moyens des armées françaises, tout en approuvant les nouvelles adhésions de l’OTAN, et enfin en soutenant toutes les sanctions contre la Russie qui en boomerang frappent et vont frapper l’économie française.

Une vraie politique de gribouille ! 

Mais surtout, la France s’est rangée derrière la bannière étoilée des États-Unis et des ultras européens, elle est vassalisée aux yeux de la « communauté internationale ».

Cette vassalisation est dommageable à nos intérêts car de très nombreux pays dans le monde attendent autre chose de la France. 

Il ne s’agit pas pour la France de ne pas continuer à apporter aux populations ukrainiennes et du Donbass, victimes de la guerre, une aide humanitaire – c’est là l’honneur de notre pays – mais cette guerre n’est pas la nôtre !

En face de cette coalition dite occidentale, la Russie reçoit le soutien de très nombreux pays africains, asiatiques dont la Chine.

La crédibilité de l’indépendance de la France, maîtresse de ses décisions politiques, diplomatiques et militaires est en conséquence largement discréditée. Elle est inexistante.

Cette nouvelle donne géostratégique rappelle singulièrement la guerre froide et les confrontations de jadis bloc à bloc : les bleus contre les rouges.

C’est là un jeu dangereux que le général de Gaulle a voulu dépasser, mettant en avant que la Russie communiste boirait le communisme comme le buvard boit l’encre.

La Russie, même celle de Poutine, demeure une puissance européenne appartenant à l’équilibre de notre continent.

Il ne s’agit pas d’embrasser Poutine sur la bouche – « les États n’ont pas d’amis » rappelait de Gaulle – mais ils ont des intérêts; notre intérêt n’est pas d’hurler avec les loups !

Il est urgent que la France retrouve son indépendance politique et s’exprime avec force pour briser cet affrontement bloc à bloc qui conduit inéluctablement à l’escalade et in fine dans le mur !

Print Friendly, PDF & Email