Ils sont 272. Moins qu’une assemblée municipale de petite ville. Et pourtant, ce sont eux qui, depuis jeudi, bloquent les vacances, les rendez-vous professionnels, les réunions de famille de près de 500.000 Français. À l’heure où le pays tente de respirer, de partir, de se retrouver, une poignée de contrôleurs aériens, déjà largement privilégiés, décide d’imposer son diktat à tout un peuple.
Une oligarchie syndicale fait plier un pays entier
Philippe Tabarot, ministre des Transports, a eu ce mot juste : « 272 personnes impactent le bien-être de 500.000 ». Voilà résumé le scandale. Car cette grève n’est pas le fruit d’une souffrance silencieuse ou d’un ras-le-bol généralisé. Elle est l’œuvre d’une minorité ultracorporatiste, décidée à faire tomber une réforme qui ose effleurer leur régime de faveur. Temps de travail allégé, salaires élevés, conditions avantageuses : oser rééquilibrer cet édifice quasi-féodal serait, selon eux, une déclaration de guerre.
Une France otage d’intouchables syndiqués
Que l’on soit bien clair : personne ne remet en cause le stress inhérent à la mission des aiguilleurs du ciel. Mais ils ne sont pas les seuls à assumer des responsabilités. Le personnel soignant, les policiers, les pompiers, les cheminots sur le terrain, les enseignants dans des zones difficiles — combien exercent un métier exigeant pour un traitement sans commune mesure avec celui des contrôleurs aériens ? Et pourtant, ils ne bloquent pas le pays chaque fois qu’on leur demande un effort.
La tyrannie de la minorité, version syndicale
Derrière cette grève, c’est une logique bien connue qui se rejoue : celle d’un syndicalisme de blocage, d’un pouvoir minoritaire surreprésenté, inamovible, ultra-protégé. En France, il suffit de quelques centaines d’agents, souvent bien organisés, pour faire céder des pans entiers de la politique publique. Et le gouvernement, tétanisé à l’idée de passer pour brutal, temporise, recule, arrondit les angles.
Mais cette fois, Philippe Tabarot dit non. Dialogue, oui ; chantage, non. Le gouvernement propose une réforme raisonnée, déjà accompagnée d’une hausse de 7 % des salaires. En retour, il reçoit une grève sauvage, des files d’attente dans les aéroports, des familles qui dorment sur le carrelage, des vols annulés à la chaîne.
Quand la réforme devient une épreuve de force
La France doit-elle vraiment continuer à se plier devant chaque bastion corporatiste ? Est-ce encore tolérable que l’image de notre pays, sa fiabilité économique, sa capacité à accueillir des visiteurs ou organiser des événements, soit ternie à chaque début d’été par un énième bras de fer syndical ?
La réponse devrait être claire : non. La force doit rester à l’État, comme l’a rappelé le ministre. Et cette phrase, simple, presque gaullienne, est peut-être le vrai tournant. Car il est temps que le pouvoir politique redevienne maître du calendrier national — et que les intérêts particuliers cessent de dicter la loi au reste de la nation.