Grande Mosquée de Paris : les moches arrangements d’Alger

Photo : FISOM7691 / Creative Commons

Officiellement, Chems-Eddine Hafiz se présente comme un homme de dialogue, modéré, défenseur de la laïcité et de la République. Mais, selon Libération, le recteur de la Grande Mosquée de Paris n’adopterait pas exactement le même discours lorsqu’il traverse la Méditerranée. En Algérie, il s’alignerait volontiers sur la ligne officielle du régime, au point d’entretenir une proximité assumée avec le président Abdelmadjid Tebboune.

Un soutien politique qui ne doit rien au hasard

En 2022, Hafiz aurait soutenu Emmanuel Macron à la présidentielle… « sur ordre d’Alger ». Un soutien concret : un dîner politique organisé dans l’enceinte même de la Grande Mosquée, malgré la loi sur le séparatisme censée limiter l’usage des lieux de culte à des fins politiques. Là encore, la République ferme les yeux, sans doute au nom de ce qu’on appelle pudiquement la “realpolitik”.


Un monopole très lucratif sur le halal

En échange, toujours selon Libération, l’État français aurait aidé à mettre en place un système extrêmement profitable : un monopole de certification halal sur tous les produits exportés vers l’Algérie depuis l’Union européenne, confié… à la Grande Mosquée de Paris. Ce mécanisme, piloté par Hafiz, a été mis en place après des réunions discrètes au ministère de l’Intérieur, au ministère de l’Économie et même avec des ambassadeurs de l’UE.

Ce n’est pas une mince affaire : chaque année, ce contrôle halal obligatoire — que des industriels assimilent à une simple taxe — génère plusieurs millions d’euros. Une manne qui soulève deux questions brûlantes : comment cet argent est-il utilisé ? Et pourquoi cette opacité semble-t-elle arranger tout le monde ?

Des industriels européens vent debout

Le système ne fait pas que des heureux. Plusieurs industriels européens dénoncent un dispositif lourd, coûteux et monopolistique, qui ne repose pas sur un consensus religieux mais sur un accord politique. Quant aux inquiétudes sur la transparence, elles ne font que croître, dans un contexte où les liens entre Paris et Alger oscillent entre coopération économique et tensions diplomatiques.

Un double discours révélateur

L’affaire Hafiz illustre un mal bien français : la tolérance, voire l’encouragement, de doubles discours dès lors qu’ils servent un intérêt stratégique ou économique. En France, on parle la langue de la République. En Algérie, on chante les louanges du régime. Entre les deux, un pont politique et financier, scellé par le halal, qui semble convenir autant à l’Élysée qu’au palais d’El Mouradia.

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