On nous répète à longueur d’années que la France aurait une dette morale envers l’Algérie. Une dette sans fin, transmissible de génération en génération, et dont seuls les Français seraient comptables. Le récit officiel, mille fois martelé, tient en quelques lignes : la colonisation fut un crime, la France doit faire repentance, et Alger serait éternellement victime. Circulez, il n’y a rien d’autre à voir.
Sauf que l’histoire est têtue. Et voilà qu’un édito du Figaro Histoire vient rappeler un pan entier – et soigneusement occulté – du passé : pendant des siècles, des milliers de Français ont été razziés, capturés, vendus, exploités dans les ports barbaresques, notamment à Alger.
Une réalité documentée, connue des historiens, mais absente des manuels scolaires et interdite de séjour dans les discours officiels.
Quand Alger capturait des Français par milliers…
Avant même que la France n’ait songé à planter un drapeau tricolore sur les rives africaines, la côte méditerranéenne vivait dans la terreur des razzias.
Des villages vidés de leurs habitants.
Des marins envoyés aux galères.
Des familles ruinées pour payer des rançons exorbitantes.
Des captifs – Français, Italiens, Espagnols – vendus comme du bétail sur les marchés d’Alger.
Certaines estimations évaluent à un million le nombre d’Européens réduits en esclavage par les États barbaresques entre le XVIᵉ et le XVIIIᵉ siècle. Un chiffre vertigineux, presque toujours absent du débat public.
Pourquoi ce silence ?
Parce que cette histoire ne cadre pas avec la dramaturgie voulue : il y a d’un côté l’oppresseur éternel (nous), de l’autre la victime immaculée (l’Algérie). Reconnaître l’esclavage subi par des Français en terre d’Alger ferait s’effondrer le décor.
Il faudrait alors poser des questions déplaisantes :
- Pourquoi parler sans cesse de « réparations » à sens unique ?
- Pourquoi l’Algérie officielle, si prompte à accuser la France de tous les maux, ne reconnaît-elle pas ses propres responsabilités historiques ?
- Pourquoi l’école française ne mentionne-t-elle jamais ces épisodes – pourtant déterminants – de l’histoire méditerranéenne ?
Et si l’on demandait, nous aussi, réparation ?
L’idée choque certains. Elle en fait sourire d’autres.
Pourtant, n’est-ce pas la logique même réclamée par Alger depuis des décennies ?
Si réparation il doit y avoir, alors qu’elle soit réciproque.
Et pourquoi pas un mémorial aux captifs européens ?
Pourquoi pas une journée de commémoration pour les villages provençaux et italiens dévastés par les pirates barbaresques ?
Pourquoi pas des excuses officielles de l’État algérien ?
Ou encore une commission vérité, comme Alger les affectionne tant ?
On imagine déjà la réaction outrée des donneurs de leçons professionnels :
« Réactionnaire ! Colonialiste ! Révisionniste ! »
Tout ce qui permet d’éviter d’avoir à débattre.
La vérité historique est un bloc
Ce n’est pas aux militants, aux idéologues ou aux régimes étrangers de décider quelles souffrances sont mémorisables et lesquelles doivent être effacées.
La France n’a pas à se laisser enfermer dans une repentance asymétrique et humiliante.
Si l’Algérie réclame un examen complet du passé, qu’elle accepte que l’on ouvre tout le dossier, y compris les pages qui la concernent.
En attendant, une chose est sûre :
Ce n’est pas la France qui a inauguré l’esclavage sur les rives méditerranéennes.
Et pendant des siècles, les victimes, ce furent aussi les Français.