Djihadisme : la menace se rajeunit

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Ils n’ont pas vingt ans. Parfois pas même quinze. Certains à peine douze. Les nouveaux visages du terrorisme islamiste en France ne sont plus ceux des vétérans de Syrie, mais d’adolescents élevés dans nos écoles, abreuvés d’images de haine et d’ultraviolence, puis happés par des recruteurs invisibles tapis sur les réseaux sociaux.

Les chiffres sont là, implacables : entre mai 2023 et mai 2025, une centaine de suspects liés au djihadisme ont été arrêtés. Et derrière ces statistiques froides, une tendance glaçante : la radicalisation frappe de plus en plus tôt. En 2022, deux mineurs interpellés. En 2024, dix-neuf. Depuis le début de l’année, déjà huit.


Le phénomène ne s’explique pas seulement par les réseaux de l’État islamique. Ce qui change, c’est la porte d’entrée. Hier, on adhérait d’abord à l’idéologie, puis on s’endurcissait dans la violence. Aujourd’hui, c’est l’inverse : l’addiction à des vidéos d’atrocités – qu’elles soient djihadistes, criminelles ou même d’inspiration sataniste – forge une sensibilité pervertie. L’idéologie ne vient qu’ensuite, comme un vernis « sacré » posé sur un terrain déjà ravagé.

Dans ce contexte, la détection devient presque impossible. Les services de renseignement se heurtent à des profils imprévisibles, sans passé militant, capables de basculer en quelques semaines. Pire encore : la territorialisation de la menace fait que l’attentat peut surgir n’importe où, dans n’importe quelle ville, à tout moment.

Face à cela, on parle de psychiatrie défaillante, de services saturés, de plateformes de signalement noyées sous le flot d’images illégales. Mais le cœur du problème, tout le monde le connaît : nous avons laissé prospérer dans nos quartiers et sur notre sol les conditions idéales de cette contamination idéologique. Tant que l’on refusera de nommer le problème – l’islamisme et son terreau communautariste – on s’épuisera en rustines.

Pendant ce temps, Daech, depuis l’Afrique ou le Moyen-Orient, appelle explicitement à « atteindre les rivages de l’Europe » et à frapper les chrétiens. Et, à Paris, on se félicite que les Jeux olympiques se soient déroulés sans drame… comme si l’absence d’attentat durant quelques semaines effaçait vingt, trente, quarante ans de renoncements.

Nous ne sommes pas seulement face à une menace armée. Nous faisons face à une guerre de civilisation où l’ennemi sait s’adapter plus vite que nous. Et lorsque les bourreaux ont l’âge de nos collégiens, la question n’est plus de savoir comment les repérer, mais de comprendre pourquoi nous avons laissé notre jeunesse se transformer en instruments de sa propre destruction.

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