Dîner à Beauvau : les grandes manœuvres de la droite parisienne

Illustration : LLP

Il est des dîners qui n’ont rien de mondain. Dimanche soir, à l’Hôtel de Beauvau, ce n’est ni un banquet ni un conciliabule anodin qui s’est tenu, mais un sommet tactique. À table : Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, Michel Barnier, prétendant à l’investiture pour la 2e circonscription de Paris, et Rachida Dati, ministre de la Culture et baronne redoutée de la droite parisienne. Objectif : faire baisser la pression avant la réunion décisive de la commission nationale d’investiture des Républicains.

La tension était réelle. Rachida Dati voyait d’un très mauvais œil l’arrivée de Michel Barnier dans ce qu’elle considère comme son territoire politique. Après avoir menacé de se lancer elle-même dans la course, elle a finalement accepté le principe d’un échange, signe d’un infléchissement stratégique.


Ce dîner n’aurait pas eu lieu sans l’ombre tutélaire d’un homme : Nicolas Sarkozy. L’ancien président, toujours influent dans les arcanes de la « droite », a pesé de tout son poids pour convaincre Rachida Dati de ne pas faire éclater la coalition fragile qui se dessine autour de Barnier. Son feu vert tacite à la candidature de l’ancien commissaire européen a envoyé un message clair aux sarkozystes : l’heure n’est pas à la division.

En réalité, ce dîner incarne bien plus qu’un simple arrangement parisien : il révèle le retour du jeu d’appareils au sein d’une droite molle en pleine recomposition. Retailleau manœuvre pour redessiner le paysage électoral de la capitale, tout en consolidant son autorité au sein de LR. Barnier revient sur le devant de la scène comme un recours tranquille, adoubé par la vieille garde. Et Rachida Dati, toujours aussi offensive, négocie pied à pied ses conditions d’engagement.

Mais la partie n’est pas terminée. La décision du Conseil constitutionnel sur la loi PLM (Paris-Lyon-Marseille) pèse sur les investitures. Les Républicains jouent sur plusieurs tableaux : maintenir leur cohérence nationale, éviter les clashs locaux, et préparer déjà les municipales. La circo en or devient un échiquier miniature où chaque mouvement compte.

Lundi soir, au-delà du cas Dati-Barnier, c’est une quarantaine de candidatures qui doivent être tranchées. Et derrière les sourires diplomatiques échangés à Beauvau, chacun sait que la guerre des places ne fait que commencer.

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