En vigueur depuis 18 mois, l’obligation de vaccination contre le Covid touche à sa fin. La HAS (Haute Autorité de Santé) a, en effet, revu sa doctrine et suggère désormais que l’injection « soit fortement recommandée » pour les professionnels concernés.

« Cette préconisation de lever l’obligation de vaccination » contre le Covid « ne constitue en rien une remise en question de ses précédents avis », se défend toutefois l’institution, soulignant au passage que « la levée d’une obligation vaccinale pour les professionnels ne remet pas en question l’intérêt de cette vaccination ».

Le changement de pied est justifié par une dynamique épidémique plus favorable. « Le nombre de nouveaux cas a nettement diminué », tandis que sont apparus « de nouveaux variants dont la virulence est moins importante », a expliqué l’infectiologue Elisabeth Bouvet lors d’une conférence de presse.

Dans ce contexte, et avec « plus de 95% des professionnels de santé » qui ont reçu au moins deux injections, l’obligation « ne s’impose plus d’un point de vue scientifique et médical », a-t-elle ajouté.

Message reçu cinq sur cinq par le ministre de la Santé, François Braun. « Je suivrai l’avis de cette autorité scientifique », a-t-il déclaré à l’AFP, promettant de « concerter les fédérations hospitalières et les ordres des professions de santé pour définir les modalités de mise en oeuvre » de la décision.

« L’idée est d’aller assez vite » et que cette concertation « se passe dans les prochains jours ou semaines », pour pouvoir « réintégrer les professionnels dans de bonnes conditions », a précisé ensuite l’entourage du ministre.

La France s’apprête ainsi à rejoindre les nombreux autres pays qui sont revenus sur l’obligation vaccinale contre le Covid, comme l’Allemagne, l’Italie, les Etats-Unis et l’Australie.

D’autres Etats, notamment la Suède, la Suisse, l’Espagne et le Portugal, n’ont, eux, jamais eu recours à cette obligation.

Réintégration des suspendus

Paris avait opté pour la contrainte à la fin de l’été 2021. Dans la foulée du « pass sanitaire » censé doper la vaccination de la population, l’obligation de se vacciner a été requise auprès de 2,7 millions de personnes: soignants mais aussi personnels des hôpitaux et des maisons de retraite, ambulanciers, aides à domicile ou encore pompiers.

Faute d’attester d’un schéma vaccinal complet (deux, puis trois doses), quelques milliers ont depuis été suspendus, sans rémunération. « Un phénomène très minoritaire voire marginal » pour le ministère, qui estime la proportion d’agents hospitaliers encore concernés « autour de 0,3% ».

Même proportion infime du côté des libéraux, où l’Assurance maladie dénombrait moins de 2.000 soignants suspendus mi-mars.

La question de leur réintégration est cependant devenue un cheval de bataille politique, notamment pour le Rassemblement national et La France insoumise.

La députée LFI Caroline Fiat, elle-même aide-soignante, n’a d’ailleurs pas tardé à réagir, interpellant le ministre sur Twitter: « Vous devez prononcer la réintégration des personnels suspendus car non-vaccinés sans délai. L’hôpital ne peut plus attendre! ».

Ses collègues du groupe communiste ont remis le sujet à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale, avec une proposition de loi insistant sur les « effets dévastateurs » de l’obligation vaccinale dans les départements d’Outre-mer où les réticences sont plus fortes.

Mais ce texte pourrait être rendu caduc avant son examen début mai, M. Braun souhaitant entériner « rapidement » sa décision dans un décret. Possiblement sans attendre l’avis sur le même sujet que le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) doit rendre avant l’été.

Au-delà de ce dossier sensible, la HAS a passé en revue d’autres vaccinations obligatoires pour les soignants. Avec des conclusions contrastées. Elle suggère ainsi de lever l’obligation concernant la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite, sauf à Mayotte.

En revanche, elle conseille de maintenir celle contre l’hépatite B et même de l’étendre davantage pour les soignants libéraux « susceptibles d’être exposés à un risque de contamination », en particulier les dentistes, chirurgiens, sages-femmes et gynécologues.

Print Friendly, PDF & Email