Alors que des milliers de Français continuent de porter les stigmates d’une gestion sanitaire chaotique, la Cour de justice de la République vient d’annoncer un non-lieu pour trois anciens piliers du gouvernement. Édouard Philippe, Agnès Buzyn et Olivier Véran n’auront donc pas à répondre de leurs décisions devant les tribunaux. Circulez, il n’y a rien à voir.
Pas de procès, pas de responsabilités
Le procureur général Rémy Heitz a confirmé ce lundi matin que la commission d’instruction de la CJR avait suivi son réquisitoire de mai dernier : aucun des trois anciens ministres ne sera renvoyé devant une juridiction. Le parquet estime que « de nombreuses initiatives ont été prises » pour lutter contre la pandémie. Assez, selon lui, pour écarter les infractions d’abstention volontaire de combattre un sinistre. Autrement dit : l’exécutif a peut-être tâtonné, mais il a agi, donc tout est excusé.
Une justice verrouillée ?
Rappelons que la Cour de justice de la République est une instance très particulière : elle est la seule habilitée à juger les ministres pour leurs actes commis dans l’exercice de leurs fonctions. Une juridiction d’exception, souvent critiquée pour sa lenteur, sa complaisance et la composition de ses membres – où siègent de nombreux parlementaires. On y juge les puissants, certes, mais entre pairs. Et cela se voit.
Des plaintes enterrées
L’information judiciaire avait été ouverte dès juillet 2020, sous la pression d’une avalanche de plaintes : syndicats, médecins, patients, familles endeuillées… Tous dénonçaient une impréparation criante, des décisions incohérentes, parfois contradictoires, et un autoritarisme sanitaire sans précédent. Mais au terme de quatre années d’enquête, aucune mise en examen n’aura résisté : Buzyn avait bien été mise en cause, un temps, pour mise en danger de la vie d’autrui. Mais même cette procédure fut annulée.
Le gouvernement n’a rien vu venir, mais il est blanchi
L’argument du parquet général ? Au moment où Agnès Buzyn quitte le ministère de la Santé, le 16 février 2020, aucun « sinistre » n’est officiellement reconnu. Le premier mort français du Covid ne surviendra que neuf jours plus tard. Quant à Philippe et Véran, ils auraient « pris des initiatives ». Suffisant, semble-t-il, pour balayer toute responsabilité.
L’amnésie officielle en marche
Ainsi s’efface le souvenir de l’errance des premiers mois, des masques inutiles puis obligatoires, des contradictions en cascade, du retard à l’allumage sur les tests, les traitements, ou les confinements aveugles. Le politique, une fois de plus, s’en sort mieux que le citoyen.
Ce non-lieu, c’est moins une décision juridique qu’un aveu d’impuissance de l’appareil judiciaire face à l’État. Le dernier mot revient à ceux qui ont gouverné : ils ont échoué, mais n’en répondront jamais.