Il n’y a que deux manières de se comporter lorsqu’on est dans l’opposition. On peut d’abord choisir de s’opposer à tout, tout rejeter systématiquement, par principe. C’est ce que faisaient les politiques d’antan, et c’est aussi la méthode que semble avoir choisie Éric Zemmour ou Jean-Luc Mélenchon. Quoi que dise ou fasse votre opposant politique, vous n’y trouvez jamais rien de bien.

Et puis il y a l’autre option, plus « real-politik » : accepter de reconnaître lorsque « l’autre » prend une bonne décision ou exprime une opinion valide. Et même parfois voter ses projets de lois.

Le choix entre ces deux attitudes est ce à quoi sont confrontés les agriculteurs après le discours de Gabriel Attal de ce jeudi 1er février.

Les mots prononcés par le Premier ministre sont incontestablement à quelques détails près ceux qu’attendaient les agriculteurs. Mais faut-il le croire ? Peut-on croire un adversaire politique ? Peut-on faire confiance à un homme issu des équipes d’Emmanuel Macron ?

Le moment de rupture le plus décisif entre l’exécutif de la 5ème république et le peuple français, c’est évidemment l’épisode dramatique du reniement par Nicolas Sarkozy du vote référendaire populaire négatif sur la constitution européenne. Sarkozy a beau s’en défendre avec sa mauvaise foi coutumière, ce fut une erreur dramatique, dont nous ne mesurons pas encore les conséquences. La crise dite des Gilets Jaunes, par exemple, est probablement l’un des effets de cette trahison.

Le peuple le sait désormais : s’il vote comme on le lui demande, son vote sera entériné. S’il vote « mal » (entendez librement), son vote sera annulé d’une manière ou d’une autre.

Ainsi, la défiance s’est installée entre les politiques et les administrés.

Alors, aujourd’hui, comment écouter le discours du premier ministre ?

Les mots furent les bons. Mais ont-ils un signifiant ou ne furent-ils que des bruits ?

La direction donnée est la bonne. Mais est-elle autre chose qu’un écran de fumée ?

Les gesticulations récentes autour de la tristement fameuse loi « immigration » donnent à penser que les mots qui sortent de la bouche des macronistes sont au mieux de la flute, au pire du vent. Mais cette fois-ci, en face, il y a les agriculteurs. Et leurs tracteurs.

Bien sûr, l’objectif est de les faire « rentrer à la maison ». Mais après ? Le gouvernement est-il assez bête pour croire que si rien de ce qui a été annoncé n’est transformé en réalité, les tracteurs ne reviendront pas, en force, pour lancer une véritable révolution ?

D’une certaine manière, l’exécutif n’a plus trop le choix. Ou bien il fait ce qu’il dit et sauve sa peau, ou bien il ment une nouvelle fois (de trop) et le retour de bâton sera gigantesque.

Observons la suite.