Colère paysanne : l’État pousse les agriculteurs au bord de la rupture

Photo : Zoran Zeremski / iStock

Depuis plusieurs jours, la colère gronde dans les campagnes françaises. Elle ne surgit pas de nulle part. Elle est l’aboutissement d’années de décisions absurdes, de normes contradictoires, d’injonctions idéologiques et d’un mépris désormais à peine voilé pour ceux qui nourrissent le pays.

Une crise sanitaire transformée en crise politique

La dermatose nodulaire contagieuse a servi d’étincelle. Une maladie réelle, grave, qui appelle évidemment des réponses sanitaires sérieuses. Mais la méthode choisie par l’État – abattage massif, parfois total, y compris d’animaux sains – a été vécue comme une violence par de nombreux éleveurs. Non seulement économique, mais morale.


Voir disparaître en quelques heures le travail de toute une vie, sous escorte policière, sans réelle concertation ni pédagogie, laisse des traces. L’usage de la force face à des hommes et des femmes déjà à bout n’a fait qu’aggraver une situation explosive.

Des agriculteurs déjà asphyxiés

La crise actuelle ne peut être comprise sans rappeler le contexte. Revenus en chute libre, charges en hausse constante, concurrence étrangère déloyale, empilement de normes environnementales souvent incohérentes, pression fiscale accrue : le monde agricole est sous perfusion permanente.

À cela s’ajoutent les accords commerciaux, comme celui avec le Mercosur, qui promettent l’ouverture du marché européen à des productions ne respectant ni les standards sanitaires ni les exigences environnementales imposées aux agriculteurs français. On exige toujours plus d’eux, tout en organisant leur mise en concurrence avec des modèles qu’on leur interdit d’adopter.

Une écologie punitive, déconnectée du réel

Le discours officiel prétend défendre une agriculture durable. Dans les faits, il impose une écologie technocratique, élaborée dans des bureaux parisiens ou bruxellois, sans connaissance concrète du terrain. Les agriculteurs ne rejettent ni la science ni la protection de l’environnement. Ils rejettent l’idéologie et l’absurdité.

Taxe carbone aux frontières, normes changeantes, interdictions successives, contrôles tatillons : tout concourt à fragiliser des exploitations déjà précaires. Pendant ce temps, les importations augmentent, et les consommateurs sont sommés de payer plus cher ce que l’État rend plus difficile à produire.

Une France rurale abandonnée

Ce qui se joue aujourd’hui dépasse largement une crise agricole. C’est la fracture entre la France des campagnes et celle des décideurs. Une France qui travaille, investit, transmet, face à une administration qui réglemente, sanctionne et communique.

Les agriculteurs ne demandent ni privilèges ni passe-droits. Ils demandent de pouvoir vivre de leur travail, d’être respectés, écoutés, associés aux décisions qui les concernent directement. Ils demandent qu’on cesse de les traiter comme des suspects permanents ou des variables d’ajustement.

Soutenir les agriculteurs, un devoir national

Soutenir les agriculteurs, ce n’est pas soutenir un lobby. C’est soutenir une réalité charnelle, enracinée, essentielle. Sans agriculture forte, il n’y a ni souveraineté alimentaire, ni équilibre territorial, ni transmission.

La colère paysanne est un signal d’alarme. L’ignorer serait une faute. La mépriser serait une erreur politique majeure. La réprimer serait une injustice de plus.

À force de charger la barque, on finit par la faire couler. Et avec elle, une part fondamentale de la France.

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