Pour la première fois, selon les données Médiamétrie, CNews aurait dépassé BFMTV sur l’ensemble de l’année 2025, avec une part d’audience de 3,4 % contre 2,9 % l’année précédente, alors qu’en 2024 les deux chaînes étaient à égalité. Cette information, rapportée par Le Parisien, suscite des interrogations profondes sur la nature et l’évolution du paysage audiovisuel en France.

L’audience est un marqueur d’influence

Au-delà des chiffres bruts, ce basculement illustre un phénomène plus large : la montée en puissance d’un public en quête d’un discours différent de celui servi par les médias traditionnels. BFMTV, longtemps considéré comme l’incontournable chaîne d’information continue, voit sa position hégémonique contestée. CNews, en capitalisant sur des émissions qui allient polémique assumée et prises de position souvent tranchées, attire une audience qui ne se reconnaît plus dans le cadre narratif des grands médias parisiens.

Pascal Praud et le succès des émissions coup de poing

L’un des moteurs de cette progression tient à la structuration des programmes. Les émissions présentées par Pascal Praud, qui sont l’un des facteurs de croissance d’audience pour CNews, incarnent une approche différente : franc débat, confrontation de points de vue, refus d’une langue de bois consensuelle. Cette stratégie, critiquée par les tenants d’un journalisme « classique », s’avère payante auprès d’un public lassé par l’homogénéisation des contenus.

Un signal politique plus qu’un simple fait d’audience

Il serait naïf de réduire cette dynamique à un simple phénomène de mode. Dans un pays où l’opinion publique est fracturée, la progression d’une chaîne qualifiée de « conservatrice » par ses détracteurs en dit long sur les lignes de tension qui traversent la société française. Le succès relatif de CNews peut être perçu comme le symptôme d’une défiance croissante envers les médias établis et d’une demande d’alternatives narratives.

BFMTV face à la chute

BFMTV, longtemps présentée comme la chaîne d’info de référence, fait face aujourd’hui à une érosion de son auditoire. Le constat n’est pas seulement chiffré, il est politique : perdre du terrain dans un paysage médiatique fragmenté, c’est perdre une part de l’influence sur l’agenda public. Pour regagner du terrain, il ne suffira pas de multiplier les « breaking news » et les plateaux surchauffés ; il faudra réinterroger la ligne éditoriale, l’équilibre des débats et la relation avec un public qui ne se contente plus des mêmes angles d’analyse.

Vers une recomposition durable des chaînes d’information

Les chiffres Médiamétrie révèlent une recomposition du paysage audiovisuel. L’audience n’est jamais qu’un reflet approximatif des attentes d’une population et, en démocratie, écouter ces signaux est essentiel. Si CNews confirme sa progression, c’est parce que sa proposition répond à une demande précise : celle de téléspectateurs qui souhaitent être défiés, interpellés, et parfois bousculés.

C’est cette mutation profonde, pas seulement un classement d’audience, qu’il faut examiner avec attention.