C’est tout doucement que la foule s’est massée Place Saint-Pierre ce mercredi matin. Une foule bon-enfant, très italienne, à laquelle s’ajoutent les séminaristes de Rome venus du monde entier et finalement pas mal de touristes aussi, dont le voyage prévu de longue date coïncidait avec ce conclave forcément imprévu.

On sourit beaucoup, on prie peu, meme si j’ai surpris des séminaristes de la Sainte-Croix en train de dire leurs vêpres à haute voix en attendant la fumée. Ils seront ordonnés en Juin à Austin, Texas. Priez pour eux.

En connaissant bien les accès de la place, il n’était pas difficile de se retrouver dans les premiers rangs, sous le balcon auquel apparaîtra le nouveau souverain pontife, à quelques mètres de la Sixtine temporairement « encheminée ». Et c’est forcément là que l’ambiance était la plus belle. Un dernier cordon de police auquel on précise dans un italien approximatif de quel ordre l’on fait partie, et magiquement tout s’ouvre. Nous sommes tout devant.

Comme à chaque conclave, les plus beaux sourires viennent des sœurs, qui attendent avec les yeux brillants le nom de celui qui mènera l’Église pour les années à venir. On échange des anecdotes. Etiez-vous là en 2013 ? Et aux funérailles de Benoît XVI ? Mauvais souvenir pour tout le monde que ces funérailles bâclées, presque indignes. François avait fait le service minimum.

Et de François, justement, plus personne ne parle. On s’amuse à imaginer si nous aurons Pie XIII, Paul VII, Jean XXIV ou un Clément, un Léon, ou même – mais c’est trop tôt – un Jean-Paul III. Rares sont ceux qui nous disent espérer un François II.

Puis d’un coup l’écran géant se fait noir, et du toit de la chapelle dans la pénombre sort cette fumée qui indique au peuple de Dieu que Pierre n’a pas encore de nouveau successeur.

Les Romains font semblant de s’attrister de la couleur de la fumée, alors qu’il était bien évidemment impossible qu’un pape soit élu aussi rapidement. Ici, on fait le pari d’une fumée blanche pour ce jeudi soir ou vendredi à la mi-journée. Un ami m’apprend en souriant que France-Inter a dit que le conclave serait long… on sait donc qu’il sera court !

Puis, la soirée romaine prend une autre dimension. On croise Timothée Chalamet que personne ne dérange ou ne semble reconnaître. On discute le bout de gras, en français dans le texte ! Il est l’heure d’aller dîner avec la presse française. Quasiment sans se concerter, tous les journalistes français sont sur la même terrasse. Elle est à 2 minutes à pied de notre appartement. Il est l’heure de rentrer vous écrire ce papier et le publier. Demain est un autre jour… pour une autre fumée.