Lors de son allocution de lundi soir, le Président Macron a cru bon de dire :

« Nous ne reprendrons pas le cours normal de nos vies, comme trop souvent par le passé dans des crises semblables, sans que rien n’ait été vraiment compris et sans que rien n’ait changé. »

Je ne sais qui lui a écrit cette phrase, mais elle sonne bizarrement à mes oreilles. Imaginez un instant que cette phrase fut dite après l’attentat de Strasbourg, ou d ‘ailleurs celui de Nice, de Paris, de… etc. C’aurait eu un peu de panache ! Relisez la phrase et appliquez-là aux attentats islamistes… Pas mal, non ? Sauf qu’en fait, évidemment, cette phrase n’avait rien à voir. Elle était une piètre tentative de dire aux Gilets Jaunes « Je vous ai compris ». On sait le sens caché de cette déclaration, dans l’Histoire de France…

Alors, oui, je me mets à rêver qu’après l’attentat de Strasbourg, le terroriste enfin neutralisé, « Nous ne reprendrons pas le cours normal de nos vies, comme trop souvent par le passé dans des crises semblables, sans que rien n’ait été vraiment compris et sans que rien n’ait changé. ». Malheureusement, je peux déjà vous le garantir – et vous le sentez aussi – absolument rien ne changera. Non, rien de plus n’a été compris. On a dit des messes (et oecuméniques, en sus !), on a posé des bougies, par dizaines, et puis… et puis « vous n’aurez pas ma haine ».

Ce soir encore, Christian Prouteau, fondateur du GIGN, disait « les citoyens Français sont exemplaires ». Comprenez : « ils ne réagissent pas »

C’est vrai, les Français ne se lèvent pas pour prendre les armes ; et c’est bien : nous ne sommes pas des cinglés va-t-en guerre. Nous aimons l’Etat de droit. C’est une noblesse dont il faut se féliciter, et en ce sens les mots de Prouteau sont justes. En revanche, dans cette absence de réaction, il y a aussi l’absence d’exigences envers les dirigeants, l’absence d’une exigence de protection du peuple, l’absence d’une demande de rendre des comptes, l’absence d’une requête de modifications législatives, etc. Les attentats passent, les morts tombent, et nous nous taisons.

Ca fait tellement d’années que le peuple souffre, qu’il saigne parfois, qu’il meurt aussi, de tristesse, de pauvreté, de désespoir ou d’attentat, qu’il ne disait plus rien. Il souffrait, saignait, mourait en silence. Et puis, quelques improbables se sont parés d’un gilet dont la détention était obligatoire. On les a moqués. Rappelons alors les paroles prononcées en 1918 par le syndicaliste américain Nicholas Klein, (et non par Gandhi, comme le veut une légende tenace) :

« D’abord ils vous ignorent. Ensuite ils vous ridiculisent. Et après, ils vous attaquent et veulent vous brûler. Mais ensuite, ils vous construisent des monuments ».

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