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Nos confrères de La Tribune de l’art et du Canard enchaîné viennent de soulever un lièvre mettant la honte aux fonctionnaires pour des générations. Début novembre, des marchands d’art et commissaires-priseurs attirent leur attention sur des meubles d’époque Louis XVI et autres, d’excellente provenance, figurant dans les ventes de Drouot et d’ailleurs. Ceux-ci proviennent du château de Grignon, dans les Yvelines, domaine public dont le mobilier a été mis aux enchères par l’État sans aucune publicité.

Apparemment, tout a été bradé. Exemples de bonnes aubaines ? Une console prétendument expertisée « de style », c’est-à-dire pas « d’époque », estimée à 40 euros, vendue pour guère dix fois plus. Elle s’est révélée dater de 1780 et est partie à Drouot en novembre pour 13 000 euros. Vingt chaises estampillées d’un menuisier fournisseur de la cour de Louis XVI, estimées à 170 euros le lot par l’État, adjugées 6 240 euros. Elles sont en réalité estimées aujourd’hui par les experts — on aurait envie de dire par les vrais professionnels — entre 300 000 et 500 000 euros ! France Domaine, gestionnaire des cessions de l’État, reconnaît la bourde. Mais ni le ministère de l’Agriculture, gérant du lieu, ni celui de la Culture n’ont levé le petit doigt. La loi les obligeait pourtant à soumettre le contenu du château au Mobilier national, institution dont la mission est, justement, de protéger le patrimoine mobilier. Celui-ci n’était même pas au courant.

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