Ce n’est pas dans les détails qu’il faut analyser la crise devenue quasi-permanente avec l’Algérie, mais dans l’ensemble. Il faut reculer, et regarder ça de loin. Alors se dessinent les lignes principales de cet affrontement. Et ces lignes disent toutes la même chose : la république française ne sait plus se faire respecter par son ancienne colonie.

On peut tourner et retourner toutes les péripéties, trouver ici et là « du progrès » ou au contraire « un retour en arrière », la réalité est toute simple : l’Algérie se moque de nous, et nous en redemandons.

Il ne m’appartient pas de dire ici les raisons de ce comportement suicidaire – d’abord parce que, moi comme vous, nous n’avons pas accès aux dossiers, et ne pouvons que partir en conjectures sur la partie immergée de l’iceberg. Néanmoins, même l’exécutif le plus autiste peut comprendre que l’image extérieure de ces abandons successifs de dignité, de la part de l’antique royaume de Louis XIV, ça peut surprendre, et même irriter.

Avec à la clef une question pas tout à fait négligeable : combien de temps ce petit jeu va-t-il durer ? Va-t-il falloir attendre l’émergence d’un nouveau chef d’État installé à l’Élysée qui prendra ça à cœur et sévira sérieusement ? Ou bien allons-nous devoir nous contenter des déclarations-commentaires de tous les Retailleau de France, dont l’efficacité est inversement proportionnelle à la durée des conférences de presse ?

Quoi qu’il en soit, cette crise révèle à tout le moins un manque total de sens politique de nos élites auto-proclamées. Mais ça, nous le savions déjà.