Dimanche soir, personne sur les plateaux TV ne pavoisait. Pensez-donc : ces gens qui se pensent importants, au-dessus du lot, « l’élite », ont reçu en pleine figure une nouvelle confirmation (à chaque fois plus violente que la précédente) du désintérêt total de la nation pour leurs activités. La politique est devenue tellement nulle, tellement vide, tellement anecdotique, un grand bac à sable pour adolescents attardés qui se battent à coup de tweets au lieu d’inventer le monde de demain, que plus personne de sensé ne peut désormais prendre ces gens au sérieux.

La politique économique du pays est décidée dans les grandes lignes par des personnes non-élues qui siègent à la Commission européenne. Le dessin des nouvelles régions, imposé par François Hollande, et qui ne correspond plus à rien si ce n’est à de ridicules « super-régions », est sorti directement des cerveaux malades des mêmes commissaires européens. Toujours non-élus.

Lorsque l’exécutif prononce par miracle le beau mot de « souveraineté », c’est pour y adjoindre immédiatement l’adjectif « européenne ».

Bref, tous les signes sont envoyés à ceux qui savent écouter : les politiciens français ne servent plus à rien.

On pourrait imaginer, pourtant, qu’ils se consacrent au dernier reste de latitude opérationnelle. Par exemple, tenez, la sécurité des citoyens. Mais non, c’est trop leur demander. Et puis, s’occuper du peuple, de ces Gaulois réfractaires, mon Dieu ! quelle horreur !

Alors lorsque vient le moment de « jouer avec eux », d’entrer dans leur bac à sable pour leur faire croire qu’on les croit encore, il n’y a plus grand monde pour jouer le jeu. Il n’y a plus grand monde pour prendre au sérieux ces caricatures moribondes qui accélèrent la fin de notre civilisation.

Étonnez-vous alors qu’un éditorialiste (de grand talent) se découvre soudain des envies présidentielles. Moi, du haut de ma jeune cinquantaine, je le regarde avec bienveillance. Parce que je sais, en le regardant, qu’il ne fait semblant de rien. Il sera peut-être maladroit, il sera sûrement imparfait, il fera campagne comme il pourra, mais il sera vrai, réel.

Ce que l’abstention de dimanche dit à la classe politique est finalement assez simple et évident : vous êtes ridicules.