Brigitte Macron : quand une rumeur dit plus sur la fragilité du pouvoir que sur la vérité des faits

Frederic Legrand - COMEO / Shutterstock

Le couple présidentiel est lancé dans une croisade judiciaire planétaire pour faire taire la rumeur « Jean-Michel Trogneux ». Des avocats prestigieux, des preuves scientifiques promises à un tribunal américain, des communiqués indignés, et désormais une riposte à grand spectacle. Emmanuel et Brigitte Macron veulent laver l’honneur de la Première dame. Mais à quel prix ?

Car ce que révèle cette affaire, ce n’est pas seulement la violence des réseaux sociaux. C’est surtout la fragilité d’un pouvoir qui, au lieu d’ignorer une rumeur absurde, la nourrit en s’y attaquant frontalement. Résultat : ce qui n’était hier qu’un bruit de fond sur YouTube est devenu aujourd’hui un feuilleton international, avec Candace Owens, star conservatrice américaine, comme porte-voix et un livre à succès en prime.


On appelle cela l’effet Streisand : vouloir effacer une rumeur, c’est la propulser. Emmanuel Macron, pourtant si habile communicant en 2017 lorsqu’il tournait en dérision les insinuations sur sa vie privée, semble l’avoir oublié. En choisissant de transformer l’affaire en bras de fer judiciaire, il confère à ses adversaires une légitimité qu’ils n’auraient logiquement jamais pu avoir.

La question n’est pas de savoir si Brigitte Macron est une femme. La question est de comprendre pourquoi le chef de l’État s’abaisse à courir après les fantasmes de quelques illuminés. Un président de la République devrait incarner une autorité sereine, au-dessus des marécages numériques. Or, en réagissant comme un justiciable ordinaire, Macron réduit sa fonction et s’expose à devenir prisonnier du ridicule qu’il voulait combattre.

Et puis il y a ce paradoxe : dans un pays où tant de Français se sentent abandonnés, où l’insécurité progresse, où la justice peine à suivre, voilà que l’énergie présidentielle se concentre sur… la réputation conjugale de l’Élysée. On nous répète qu’il s’agit d’« honneur ». En réalité, c’est un aveu d’impuissance : le pouvoir ne supporte pas d’être moqué, contesté, tourné en dérision.

Les professionnels du complot prospèrent sur ce terrain parce qu’ils sentent la fébrilité. Plus le couple Macron s’agite, plus il confirme qu’il a quelque chose à perdre. La rumeur, elle, n’a pas besoin de preuves pour survivre : il lui suffit d’un doute. Et c’est précisément ce doute que la stratégie judiciaire entretient.

Au fond, la question n’est pas Brigitte Macron. La question est de savoir si l’État, déjà fragilisé par ses dérives, doit encore s’abîmer dans une bataille impossible contre Internet. Ce n’est pas la rumeur qui affaiblit le pouvoir : c’est la manière dont le pouvoir y répond.

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