Sans doute devrions-nous nous féliciter des excellents résultats obtenus au baccalauréat par nos bacheliers : 93,8% de réussite après rattrapage. Le rêve des idéologues socialistes qui dominent l’Éducation nationale depuis les années 80 s’est réalisé : tout le monde a le bac, tout le monde est égal. Tout le monde a une place à l’université. En somme, tout va bien dans le meilleur des mondes. 

Comment alors expliquer que près de 60% des étudiants redoublent leur première année, 30% renoncent à continuer leurs études après leur première année et 13% après leur deuxième ? Comment expliquer la chute phénoménale du niveau scolaire en France ces dernières années ? Comment expliquer que des élèves pourtant si brillants en viennent à agresser leurs professeurs, ou même à les égorger ?

Ce taux de réussite au bac digne d’une élection présidentielle en République Démocratique du Congo révèle la faillite pédagogique et idéologique de l’Éducation nationale, gangrénée pendant trop longtemps par un égalitarisme naïf.

La « démocratisation » du bac et des études supérieures n’a abouti qu’à la démocratisation de la médiocrité.

Médiocrité qui a des conséquences dramatiques sur l’enseignement supérieur et le marché du travail : les universités sont saturées par des étudiants qui n’y sont pas destinés et qui auraient pu être brillants dans des filières professionnelles, lesquelles sont méprisées alors qu’elles représentent une véritable excellence française, toujours en raison de cette banalisation des études supérieures.

Les universités sont depuis trop longtemps pleines à craquer, et cet afflux d’étudiants de la promotion COVID-19 risque de faire empirer la situation. Le baccalauréat doit redevenir ce qu’il était à sa conception : un diplôme (universitaire, rappelons-le) prestigieux qui garantit un accès aux études supérieures. Il faut remonter la barre du baccalauréat pour pouvoir redonner leur prestige aux formations professionnelles. Il y a en France beaucoup trop de sociologues et trop peu de plombiers : ces derniers devraient d’ailleurs mettre un peu de plomb dans la tête des premiers. 

La faillite de l’Éducation nationale est aussi idéologique.

Le fait que Samuel Paty ait été assassiné en raison du contenu de son cours d’éducation civique n’est pas anodin, car c’est l’échec de l’éducation civique et citoyenne qui est en partie la cause de cet horrible attentat. Palabrer sur les « valeurs de la République » et « l’esprit citoyen » n’est pas suffisant pour former de bons citoyens. D’ailleurs, former de « bons citoyens » n’est pas suffisant : c’est de bons Français qu’il faut former. L’Éducation nationale est le premier vecteur d’intégration des populations immigrées, et le premier obstacle au communautarisme. Il faut qu’elle transmette aux élèves l’Histoire et la grandeur de la France, afin qu’ils puissent s’y associer et s’identifier en tant que Français.

Si Jean-Michel Blanquer rompt avec ses prédécesseurs, il ne représente pas le nettoyage au Kärcher dont l’institution a besoin. Reste à espérer que son successeur remettra le national dans « l’Éducation nationale ».

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