Professeur des universités à Science Po, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique, Dominique Reynié a dirigé l’ouvrage collectif Le XXIe siècle du christianisme. Il a répondu à nos confrères d’Aleteia.

Au moins deux modèles s’opposent à la fois au christianisme et à l’ordre démocratique. L’un, l’islamisme, s’oppose à la séparation du politique du religieux, ou, pour le dire autrement, du pouvoir et de la société civile. La religion y est obligatoire, il est interdit d’en changer ou d’y renoncer. C’est le cadre d’une théocratie.

L’autre modèle, le communisme chinois, n’admet pas l’autonomie des religions et cherche en conséquence à les contrôler au plus près, jusqu’à programmer la destruction des musulmans Ouïghours. Le chef d’État de la République populaire de Chine, Xi Jinping, ne reconnait pas non plus de notion de « société civile », c’est-à-dire une instance autonome critique du pouvoir en place.

Il existe un troisième modèle. Il menace plus spécifiquement la démocratie que le christianisme, mais il est moins élaboré dans mon esprit : le web, le monde numérisé laisse craindre une sorte de théologie politique numérique.

Les « réseaux sociaux », Amazon ou Netflix sont des entreprises privées qui sont très sensibles aux mouvements planétaires, notamment quand la religion des uns ou des autres est jugée blasphémée par quelques-uns. Par exemple, le risque existe qu’Amazon, Facebook ou Google soit un jour sensible à une pétition regroupant des millions de personnes amenant ces entreprises à prendre position en faveur d’une religion.

Le pouvoir des entreprises pourrait alors donner le jour à une théocratie privée et mettre en péril nos libertés tout en menaçant la nature des religions, et singulièrement celle du christianisme.

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