L’acharnement judiciaire contre Nicolas Sarkozy franchit une nouvelle étape. Relaxe sur la corruption, relaxe sur le financement illégal de campagne, relaxe sur le recel de fonds publics libyens… mais condamnation tout de même. Pourquoi ? Grâce à ce joker commode, cet outil fourre-tout qu’est l’« association de malfaiteurs ».
Le stratagème est connu : quand les preuves font défaut, on invoque ce délit aux contours si flous qu’il peut s’appliquer à tout et à n’importe quoi. Le banditisme, les réseaux de drogue, le terrorisme… et désormais la politique. Jamais il n’avait été utilisé dans une affaire politico-financière. Mais pour Sarkozy, il fallait bien trouver un angle d’attaque. Les juges d’instruction ont donc sorti du chapeau ce « wagon de secours » permettant de sauver la procédure et de prononcer une condamnation historique : cinq ans de prison, dont trois fermes, pour un ancien président de la République.
Tout cela pour quoi ? Pour avoir, selon les magistrats, « laissé faire » deux de ses proches, Claude Guéant et Brice Hortefeux, qui auraient rencontré en 2005 des dignitaires libyens. Pas un euro n’a été prouvé dans sa campagne, aucune contrepartie démontrée, mais « il ne pouvait pas ignorer ». Le fameux raisonnement circulaire : vous êtes coupable, non pas de ce que vous avez fait, mais de ce que vous n’avez pas empêché.
La justice a donc inventé la culpabilité par présomption. On condamne un ancien chef de l’État sans argent, sans corruption, sans enrichissement, mais pour une « idée », pour un soupçon. Et l’on ose parler d’État de droit ?
Le Parquet national financier, qui s’est déjà ridiculisé avec les allers-retours rocambolesques de Ziad Takieddine, poursuit son bras de fer contre Sarkozy. Peu importe que les preuves s’évaporent ou que les carnets libyens sentent le faux à plein nez. Ce qui compte, c’est d’abattre Sarkozy une bonne fois pour toutes.
Cinq ans de prison : une peine d’une sévérité inouïe, quand tant de criminels multirécidivistes échappent à la prison. Mais voilà, dans ce pays, on relâche des violeurs sous OQTF et l’on enferme un ancien président au nom d’une incrimination floue. La France est devenue la patrie de l’« association de malfaiteurs » : l’arme judiciaire qui permet toutes les dérives, tous les abus, toutes les vengeances politiques.
Un jour, il faudra bien que la République des juges rende des comptes.