Alain Finkielkraut victime de la faillite intellectuelle de la France

Il fut un temps, les mouvements, qu’ils fussent de droite comme de gauche, étaient menés par des hommes de lettres, ou tout au moins des lettrés. Hier, lorsqu’un Académicien croisa des Gilets jaunes à Paris, il reçut un énorme torrent d’insultes les plus ignobles les unes que les autres.

La perte de la culture, de l’élégance et de l’intelligence, se fait sentir à tous les niveaux de la société. Un président de la république s’offusquait qu’une assistante lui dise « Ok, Monsieur le Président », et quelques années plus tard, son lointain successeur en conférence de presse explique à la presse ébahie « Carla et moi, c’est du sérieux ». Imaginez De Gaulle : « Yvonne et moi, c’est du sérieux ». Le niveau dégringole en commençant par le haut. Le poisson pourrit par la tête.

Les insultes qui fusèrent ce samedi contre Alain Finkielkraut disent peut-être quelque chose de la branche des Gilets jaunes qui monte à Paris, mais elles disent surtout quelque chose de la France de 2019. Imprécations, mélange de tout, incompréhension totale, et surtout plus aucun sens moral, plus d’honneur dans la parole prononcée. La France de 2019 produit un vomi continuel, par le truchement des réseaux dits sociaux.

Personne n’aurait pu sincèrement imaginer il y a 10 ans que le philosophe pourrait se retrouver un jour, en plein Paris, soumis à un tel traitement ordurier. Aujourd’hui, vu le remugle qui envahit le débat public, plus rien n’étonne.

Gardons notre capacité d’étonnement, et son pendant, notre force d’indignation. Et refusons en bloc de laisser la France aux mains des masses hurlantes qui suintent la haine.