Ce week-end, à l’occasion du quatrième anniversaire de la reconnaissance officielle des apparitions de sainte Anne en Bretagne, le cardinal Robert Sarah, envoyé spécial du pape Léon XIV, a prononcé une homélie d’une rare intensité spirituelle, mêlant méditation théologique, appel au renouveau liturgique, et exhortation vibrante à la fidélité de la France à sa vocation chrétienne.
Dans un sanctuaire comble, au cœur d’une liturgie empreinte de solennité, le cardinal guinéen a d’abord transmis la bénédiction du Saint-Père, venu souligner « l’importance qu’il accorde à ce pèlerinage », avant de plonger les fidèles dans le souvenir fondateur de l’apparition de sainte Anne à Yvon Nicolazic, il y a quatre siècles. Cette terre, a-t-il rappelé, fut expressément choisie par Dieu pour être « mise à part », sanctifiée par le culte, la prière et la liturgie.
« Dieu veut être adoré »
L’axe central de l’homélie du cardinal Sarah fut l’appel à l’adoration. « Ce qui sauve le monde, ce n’est pas la prospérité matérielle, mais l’homme à genoux devant Dieu », a-t-il martelé. À rebours d’une conception utilitariste de la foi, réduite à des œuvres sociales ou à des discours sur la fraternité, le cardinal a affirmé avec force que la religion n’a de sens que tournée vers Dieu, dans une attitude d’humilité, de silence, de vénération. « Si nous n’adorons pas Dieu, nous finirons par nous adorer nous-mêmes », a-t-il averti.
Dans un passage très applaudi, il a dénoncé les dérives contemporaines de l’Occident, où l’on transforme les églises en « salles de spectacle », et où la liturgie devient « un moment de folklore ». « L’église n’est pas un lieu culturel. C’est la maison de Dieu. Elle lui est exclusivement réservée. »
Un appel à la France
L’homélie a pris un ton particulièrement grave lorsque le cardinal a évoqué la France, qualifiée de « terre sainte ». Il a dénoncé « les lois barbares et inhumaines qui proclament la mort alors que Dieu veut la vie », lançant un appel à ne pas profaner ce pays que Dieu, selon lui, « a choisi pour y être honoré ». « Ne profanez pas la France », a-t-il répété à plusieurs reprises, avec une insistance poignante.
Cette parole, prononcée à Sainte-Anne-d’Auray, haut lieu de piété bretonne, prend une résonance particulière à une époque de recul religieux dans la société française. Loin du discours politique, le cardinal Sarah a adressé une interpellation spirituelle profonde, à la fois aux fidèles, aux pasteurs et à la nation tout entière.
L’âme comme sanctuaire
Au-delà des lieux physiques, le cardinal a également insisté sur le cœur humain comme sanctuaire spirituel. Il a invité chaque fidèle à « rebâtir l’église de son âme », à retrouver le chemin de la confession, de la prière silencieuse, de la pureté intérieure. « Ton âme est un lieu sacré. Prends-en soin. »
Dans un passage très personnel, il s’est adressé aux prêtres, les appelant à « consacrer beaucoup de temps à l’adoration devant le Saint-Sacrement », et aux jeunes, les invitant à écouter dans le silence l’appel à une vocation consacrée.
Un message d’espérance
L’homélie s’est conclue sur une note d’espérance. Revenant à sainte Anne, le cardinal a rappelé que son adoration persévérante fut exaucée : Marie est née d’elle, et avec Marie, le Christ Sauveur. Dans cette lumière, il a encouragé tous ceux qui souffrent, pleurent ou désespèrent, à ne pas abandonner la prière : « L’adoration patiente et silencieuse déchire les ténèbres. Elle apporte la lumière de l’espérance. »
Dans le silence recueilli qui a suivi, avant le chant final, l’invitation solennelle du cardinal a résonné comme un mot d’ordre pour ce lieu et pour la France : « Venez, adorons le Seigneur. »