Washington a décidé de franchir un pas supplémentaire dans son bras de fer avec l’extrême gauche radicale. Plusieurs mouvances se réclamant de l’« antifascisme » installées en Europe – en Allemagne, en Italie et en Grèce – viennent d’être ajoutées à la liste noire américaine des organisations terroristes étrangères. Une décision lourde de conséquences, annoncée par le secrétaire d’État Marco Rubio, qui souligne la nature violente et transnationale de ces groupes.
Depuis septembre, la Maison-Blanche menée par Donald Trump a engagé un travail méthodique pour qualifier juridiquement la nébuleuse Antifa. Le décret présidentiel classant officiellement cette mouvance comme terroriste a été signé au lendemain de la cérémonie d’hommage à Charlie Kirk, figure conservatrice assassinée quelques mois plus tôt. La logique est désormais poussée jusqu’à ses ramifications européennes.
Dans le viseur de Washington, le collectif allemand « Antifa Ost », accusé d’avoir orchestré de nombreuses agressions entre 2018 et 2023 contre des adversaires désignés comme « fascistes ». Les autorités américaines rappellent aussi que ce réseau serait impliqué dans plusieurs attaques en Hongrie. À ces accusations s’ajoutent un groupe anarchiste italien, la FAI/FRI, et deux organisations grecques également ancrées dans l’idéologie anarchiste.
Le geste américain n’arrive pas dans le vide. Budapest avait déjà placé Antifa dans la catégorie des organisations terroristes en septembre, confirmant que, dans certains pays, l’extrême gauche violente n’est plus simplement perçue comme un phénomène de rue. Les Américains, eux, décrivent un activisme nourri d’anti-américanisme, d’anticapitalisme et d’hostilité envers la tradition chrétienne : un cocktail idéologique qui servirait, selon eux, à légitimer des actions violentes de part et d’autre de l’Atlantique.
Aux États-Unis, le mouvement s’est imposé dans le paysage politique dès 2016, au lendemain de l’élection de Donald Trump. La ville de Portland en est devenue le symbole le plus visible, tant les affrontements et les opérations de guérilla urbaine ont rythmé ses nuits. L’administration américaine considère désormais que la lutte doit dépasser les frontières nationales.
Le classement sur la liste noire entraîne un train de sanctions immédiates : interdiction d’entrée sur le territoire américain, gel d’actifs éventuels et blocage de toute forme de soutien matériel. Autrement dit, Washington veut couper les ponts entre ces réseaux européens et les relais qu’ils pourraient encore avoir aux États-Unis.
Reste à savoir comment les gouvernements européens réagiront à cette décision américaine. Les États-Unis, en tout cas, tranchent : pour eux, l’antifascisme radical n’a plus rien d’un slogan militant. C’est une menace à traiter comme telle.