Les couteaux sont déjà sortis à droite. Et dans ce combat de tranchées que deviennent les municipales parisiennes, Rachida Dati demeure debout, seule contre tous. À dix-huit semaines du scrutin, le ministre de la Culture avance sans l’appui de Renaissance, ce parti caméléon qui prétend incarner le centre.
Qu’importe : les chiffres parlent. Selon le dernier sondage Ifop-Fiducial, Rachida Dati caracole en tête, créditée de 26 à 28 % d’intentions de vote, loin devant le candidat “philippiste” Pierre-Yves Bournazel et les héritiers fatigués de la gauche hidalguienne. En d’autres termes : les Parisiens, lassés du désastre Hidalgo, n’attendent ni un gestionnaire sans relief ni un idéologue vert ou rouge — ils attendent une femme d’autorité.
Car Dati, qu’on l’aime ou qu’on la déteste, incarne l’énergie, la clarté et le courage. On peut la juger dure, mais elle ne ment pas. Elle dit ce qu’elle pense, et surtout, elle fait ce qu’elle dit. Dans un Paris ensablé par vingt ans de socialisme municipal, livré aux vélos anarchiques, aux rues défigurées, aux « surmulots » et à la criminalité ordinaire, cette sincérité devient une denrée rare.
Le “lâchage” de Renaissance n’est qu’un épisode de plus dans la grande entreprise de macronisation de la droite, cette stratégie cynique qui consiste à neutraliser tout ce qui résiste encore à la pensée unique progressiste. Mais Dati n’a jamais eu besoin de permission pour exister : elle a grandi seule, combattu seule, gravi seule. C’est précisément ce qui dérange tant les technocrates et les calculateurs du Marais politique.
Face à elle, la gauche tente péniblement de recoller ses morceaux. Emmanuel Grégoire — clone pâle d’Anne Hidalgo — veut convaincre qu’il n’est pas son héritier. Les écologistes jouent leur partition morale pendant que les Insoumis agitent leur drapeau révolutionnaire. Autant de factions qui, si elles s’unissent, pourraient encore conserver la mairie ; mais si elles se déchirent, Paris tombera. Et ce sera grâce à une femme qui ne s’excuse pas.
Quant à la droite nationale, elle se cherche — encore. Thierry Mariani et Sarah Knafo se disputent un électorat las des demi-mesures, sans comprendre qu’à Paris, le combat décisif se joue d’abord sur la crédibilité. Dati, elle, connaît la ville, les habitants, les colères. Et contrairement à beaucoup, elle ne s’est jamais réfugiée dans les discours : elle parle au peuple, pas aux sondages.
Alors oui, Rachida Dati dérange. Parce qu’elle incarne une droite populaire, fière, sans complexe. Parce qu’elle refuse les consignes de ceux qui ont transformé la politique en gestion molle. Et parce qu’elle ose, au fond, ce que plus personne n’ose dire à Paris : l’ordre, la sécurité, la liberté, la beauté ne sont pas des gros mots.
Dans cette capitale où l’on ne sait plus distinguer la décadence du progrès, elle avance seule — et c’est pour cela qu’elle plaît.