France Télévisions : tout est prévu, sauf le bon sens

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On pourrait presque en sourire, si ce n’était pas si révélateur. France Télévisions — ce grand corps malade de l’audiovisuel public — annonce tranquillement que « tout est déjà prévu » en cas de retrait de Léa Salamé du 20 Heures. On s’en doutait : dans le service public, tout est anticipé, sauf l’essentiel.

Car derrière cette communication rassurante, se cache un aveu d’une autre nature : oui, la rédaction de France 2 sait que la situation est embarrassante. Comment continuer à prétendre incarner la neutralité journalistique quand la présentatrice vedette du JT partage sa vie avec un homme politique en campagne ? Et pas n’importe lequel : Raphaël Glucksmann, patron de Place Publique, chouchou médiatique de la gauche morale, et invité régulier des plateaux de sa compagne.


Jean-Baptiste Marteau, le joker, a voulu calmer le jeu : « tout est déjà prévu », dit-il. Traduction : le plan de crise est prêt, les éléments de langage sont imprimés, la ligne politique restera la même. En somme, rien ne changera, puisque tout est déjà verrouillé.

Et l’on nous parle encore d’indépendance du service public ! On imagine mal la même indulgence si la compagne d’un candidat de droite présentait le JT de France 2. Les syndicats auraient déjà hurlé à la collusion, les tribunes de Libération se seraient multipliées, et la déontologie aurait été brandie comme une arme. Mais ici, silence pudique : Léa Salamé « travaille énormément », nous dit-on, « c’est une très grande professionnelle ». Sans doute. Mais la question n’est pas là.

Léa Salamé elle-même avait déclaré qu’elle se mettrait « en retrait » si son compagnon se lançait officiellement dans la course. Elle le fera, peut-être, le temps de calmer les critiques, avant de revenir en héroïne incomprise, victime des « réseaux sociaux » et de cette fameuse « haine » dont on accuse toujours le public dès qu’il ose questionner le petit monde médiatique.

France Télévisions, fidèle à son ADN bureaucratique, anticipe tout : les absences, les polémiques, les retours. Tout, sauf une remise en cause du système. Car le vrai problème n’est pas Léa Salamé. C’est cette consanguinité entre journalistes et politiques, ce petit théâtre où chacun joue tour à tour le rôle du questionneur et de l’interviewé, avant de dîner ensemble le soir-même.

Alors oui, « tout est déjà prévu ». Sauf peut-être le réveil des Français, lassés de financer par leurs impôts un journalisme qui, au fond, ne leur parle plus.

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