Immigration, impôts : Retailleau refuse la soupe tiède de Lecornu

Illustration : LLP

Le dernier épisode du feuilleton politico-budgétaire ressemble davantage à une énième partie de poker menteur qu’à une négociation sérieuse. Hier soir, Bruno Retailleau a rassemblé en urgence ses troupes LR pour leur faire part de son entrevue avec Sébastien Lecornu. Verdict sans appel : « le compte n’y est pas ». Traduction : la droite parlementaire ne compte pas se laisser enfumer par quelques vagues promesses et un cataplasme fiscal.

Car au menu servi par le premier ministre, il n’y avait guère de quoi rassasier une droite qui se veut encore régalienne et libérale. Sur le sujet explosif de l’immigration, les propositions se résument à des formules générales. Aucun des engagements concrets réclamés par LR — réforme de l’Aide médicale d’État, allongement de la rétention, rétablissement du délit de séjour irrégulier — n’a été retenu. Pis encore : au détour de la discussion, on apprend que les visas étudiants accordés aux Algériens seront en hausse. Voilà qui donne le ton.


Côté fiscal, pas davantage de clarté. Lecornu évoque une « réduction de la dépense publique »… sans en montrer la moindre piste. En revanche, la hausse d’impôts, elle, est bel et bien sur la table. Un scénario qui revient à singer la gauche, selon Retailleau, qui dénonce la victoire sémantique d’un camp ayant imposé son agenda fiscal au détriment de la réduction de la dépense.

Dans ce décor grisâtre, seule l’annonce d’un projet de loi antifraudes apporte un mince lot de consolation. Mais cela suffit-il à justifier la présence de LR dans un gouvernement où tout sent la compromission et la demi-mesure ? Pour l’instant, Retailleau botte en touche et prévient : pas question de donner un blanc-seing sans garanties écrites.

Derrière ce bras de fer budgétaire se cache une réalité plus profonde : l’identité même de la droite républicaine. Acceptera-t-elle de devenir l’appoint docile d’un pouvoir qui s’aligne sur les obsessions de la gauche, ou saura-t-elle tenir une ligne claire sur l’immigration, la sécurité et la fiscalité ? Retailleau, en stratège, agite le chiffre : 40 % du socle parlementaire commun. Autant dire qu’il réclame une part substantielle du gâteau ministériel — un tiers du futur gouvernement, ni plus ni moins.

Mais qu’on ne s’y trompe pas : ce n’est pas seulement une bataille de postes. C’est un combat pour éviter que la droite ne se dissolve dans un marécage de compromis stériles. Retailleau, pour l’heure, refuse la soupe tiède que Lecornu voudrait lui faire avaler. Reste à savoir combien de temps il tiendra la casserole à bout de bras, sans la renverser.

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