Elle voulait sans doute « défendre » ses troupes, mais elle a ouvert une brèche qui risque d’engloutir tout l’audiovisuel public. Delphine Ernotte, reconduite à la tête de France Télévisions, a franchi hier un pas inédit : qualifier CNews de « chaîne d’extrême droite ». Une déclaration de guerre. Une faute politique. Et, surtout, une faute professionnelle pour une dirigeante censée représenter un service public financé par tous les Français.
L’aveu d’un positionnement idéologique
Depuis l’affaire Legrand-Cohen, où deux journalistes du service public ont été surpris en connivence avec des cadres socialistes, la présidente de France Télévisions était sous pression. Au lieu de répondre sur le fond, elle a préféré l’attaque : désigner CNews comme l’ennemi à abattre. Problème : en choisissant d’aligner France Télévisions contre la première chaîne d’info du pays, elle abandonne toute prétention à l’impartialité. Elle a ôté le masque : France Télévisions est bien à gauche, et assume désormais de se poser en contrepoids à ceux qui donnent la parole aux oubliés de la République.
Le service public en danger
Cette sortie ne tombe pas dans le vide. Dans les rangs mêmes de Radio France, certains s’étranglent : « Elle positionne elle-même le service public sur l’échiquier politique », confie un journaliste. Et pour cause : en caricaturant les téléspectateurs de CNews, Delphine Ernotte prend le risque de renforcer ce qu’ils pensent déjà – que l’audiovisuel public n’est qu’une machine à donner des leçons.
Pendant ce temps, l’Arcom se voit contrainte de se pencher sur « l’impartialité » du service public. En voulant détourner le débat, la présidente de France Télévisions l’a en réalité légitimé. Ernotte a cru tendre un rideau de fumée, mais elle a rallumé l’incendie.
Un duel perdu d’avance
Dans ce combat, France Télévisions n’a aucune chance. Car CNews prospère précisément sur cette liberté de ton qu’Ernotte voudrait censurer. Chaque attaque renforce l’audience de la chaîne. Chaque diatribe contre « l’extrême droite » conforte les téléspectateurs dans l’idée que CNews dit ce que d’autres taisent.
En voulant jouer à la guerrière, Delphine Ernotte électrise le paysage médiatique. Mais elle fait surtout basculer le service public du côté où il ne devrait jamais être : celui du militantisme. Elle ne met pas seulement une cible sur le dos des journalistes de CNews, comme l’a rappelé Pascal Praud. Elle met en péril la crédibilité de l’ensemble de l’audiovisuel public.